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Critique de Melisende


D'abord attirée par la belle illustration de couverture – signée Camille Alquier – puis par la quatrième de couverture particulièrement séduisante, Absyrialle avait tout pour me plaire.
Ayant déjà eu l'occasion de lire quelques titres aux éditions Voyel, je me suis lancée un peu à l'aveuglette, totalement confiante, sans davantage me renseigner sur l'intrigue… et c'est peut-être ce qui m'a « perdue » car je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai trouvé dans ce roman. Surprise, je l'ai été, sans aucun doute. Mais pas forcément dans le meilleur sens.

En survolant la quatrième de couverture, je n'ai retenu que l'aspect « merveilleux » de l'apparition d'une ville extraordinaire dans une Europe de la fin du XVIIIe siècle. J'imaginais partir en expédition dans une sorte d'Atlantide islandaise, émerveillée par une civilisation mystérieuse et avancée… mais peut-être aurais-je du m'attarder plus longtemps sur le reste du résumé et notamment sur les termes « princes démons » explicitement cités. J'aurais peut-être, de ce fait, été beaucoup moins désappointée en rencontrant des personnages très sombres, des moeurs particulièrement dissolues et une ville, de façon générale, très glauque.
Je pense que j'avais envie de quelque chose de colorée et lumineux (je ne me suis pas attardée suffisamment sur l'illustration de couverture qui, si on s'y penche correctement, donne pourtant quelques indices) et que je me suis retrouvée à fouler les rues pavées d'une ville de débauche où incubes et succubes règnent en maîtres…

Sans vous spoiler, il est question ici de rituels assez obscènes, de magie noire et vous n'échapperez pas à quelques scènes de sévices sexuels qui ne laissent rien à l'imagination. Et pour être tout à fait franche, sans être d'une grande pudeur en matière de sexe, ce n'est pas ce que je recherche dans mes lectures. Sans me gêner, les amusements particuliers des incubes/succubes, décrits plutôt crûment, ont eu tendance à me dégoûter. C'était clairement le but (et donc ça fonctionne), mais pour moi trop c'est trop. Absyrialle est destiné à un public averti et je n'imaginais pas du tout, mais pas du tout du tout du tout, tomber sur ce genre d'intrigues. Aurais-je été prévenue que je n'aurais sans doute pas tenté l'aventure car ça ne correspond pas à mes attentes de lectrice. Cela dit, j'aurais manqué la rencontre avec la plume de Fabrice Chauliac et ça aurait été dommage.

En effet, le style de l'auteur vaut le détour et c'est sans doute le plus gros point positif de cette lecture. Tournures travaillées, vocabulaire riche, descriptions nombreuses et scènes facilement imaginables, la forme ne manque pas d'attrait.
Les chapitres, généralement courts, participent également à rythmer l'ensemble, ce que j'apprécie car peux en dévorer un ou deux de temps en temps entre deux autres activités (les chapitres de plus de 30 pages ont tendance à me freiner car je m'y plonge moins volontiers, n'ayant pas toujours plus de 30 minutes à consacrer à la lecture).
Seuls quelques passages, notamment de dialogues, peuvent sembler un peu artificiels et donc manquent de fluidité… mais c'est parfois le « retour de bâton » lorsque l'on cherche à trop bien faire, à penser chacun des mots employés.

Outre les thèmes abordés dans Absyrialle qui ne m'ont pas vraiment séduite mais là c'est parfaitement subjectif, j'ai eu l'impression que tout n'était pas exploité à sa juste valeur. Fabrice Chauliac ne manque pas d'idées séduisantes : l'éruption volcanique qui entraîne une vague de destruction baptisée le Fléau qui ne s'arrête pas à l'Islande seule mais a des effets dévastateurs dans toute l'Europe. Au coeur des pages, l'auteur fera parfois référence à ce qu'il se passe en France et ne se contentera pas de rester fixé sur Absyrialle… et j'ai aimé cet aspect mais il est bien trop peu exploité à mon goût. J'y ai trouvé une certaine maladresse car on en apprend soit trop peu sur le sujet soit plus qu'il n'était utile et on reste donc un peu sur notre faim… dommage !

Ce petit « souci d'exploitation » se retrouve aussi du côté des personnages, à mon avis. Si Galoire reçoit une histoire plus ou moins complète (le lecteur fait sa connaissance petit à petit au fil des pages), son comparse Théodule est un peu laissé de côté. Je peux comprendre qu'un duo de héros soit un peu déséquilibré et que l'un prenne l'ascendant sur l'autre en matière d'importance pour l'histoire et le lecteur… mais le philosophe un peu paumé aurait gagné à avoir une personnalité un peu plus approfondie.
J'aime suivre des héros qui me procurent des émotions car je me reconnais en eux, je souffre avec eux, je souris avec eux… bref, je vis avec eux. Or, de façon générale, les personnages principaux et secondaires m'ont laissée plutôt de marbre (en plus, ça manque sérieusement de figures féminines « positives » à mon goût). Je ne me suis pas vraiment attachée à eux et si j'avais une certaine curiosité à suivre leurs aventures, je suis tout de même restée en retrait. Encore une fois, c'est un avis tout à fait personnel que ne partageront pas tous les lecteurs.

Finalement, malgré des qualités indéniables, Absyrialle n'a pas fonctionné avec moi, tout simplement parce qu'il ne correspondait ni à mes attentes ni à mes goûts. Mais je ne doute pas que d'autres lecteurs y trouveront leur compte et sauront apprécier l'imaginaire bien mis en scène de Fabrice Chauliac.
Lien : http://bazardelalitterature...
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