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Critique de Fleitour


Dans les textes de son dernier ouvrage, "Enfin le Royaume", l'inspiration de François Cheng ne vient pas spontanément d'une volonté de démontrer, d'expliquer ou d'analyser les sagesses que l'on trouve dans le taoïsme. Ces textes expriment la beauté, comme "l'ultime goutte de pluie", la vie comme source inaltérable et féconde de la beauté, et pour le poète la beauté de l'âme.


Toute beauté est singulière écrit François Cheng dans le très beau livre consacré aux peintres chinois. Ce sont pas les peintres les plus classiques qu'il a choisi pour illustrer son goût pour ce qui est singulier, donc authentique et précieux. Ces peintres ont choisi les voies transverses, ce qu'il appelle la voix excentrique, puisque la volonté de ces peintres est de dépasser ce que nous voyons, peindre le temps, peindre l'absence, un peu à la façon de Patrick Modiano


C'est le vivre que l'on va arpenter décliner, à travers le monde des vivants, la terre, les plantes, la mer, le ciel et les éléments, une terre nourricière non seulement pour le corps mais aussi pour l'âme. Il se gorge d'émotions pour mieux ressentir l'harmonie du monde, le dur et le doux, le noir et le blanc, le rocher et l'orchidée.


François Cheng puise dans la poésie ancienne des perles d'éternité, comme ces vers de Wang Wei (701-761) .
"Si vous cherchez l'oubli des pensées,
venez me voir-
Vous pourrez arroser les doux
légumes de mon jardin."


La poésie de François Cheng, émerge de ces juxtapositions de mots inconsolables, de mots non miscibles, comme "ce vide est plein", ou
"Pour retrouver, jadis entrevue,
Depuis longtemps perdue, l'Étoile".


La richesse des mots est de nous conduire à l'extase...
"Ne te mens plus ni ne te
Lamentes. L'heure est venue
De faire face, peut le chant
L'extase ou le désastre."


L'art poétique de François Cheng affirme du point le plus haut que le sage peut atteindre, l'universalité de son écriture, une écriture qui n'efface rien, qui apaise ou réconcilie le désir de futurs épanouissements et la sauvegarde du passé.

"Au sommet du mont et du silence,
 rien n'est dit, tout est.
Tout vide est plein, tout passé présent,
 tout en nous renaît. "


L'appel de Cheng, est un appel insatiable, de se lier à la nature comme François D assise, ainsi écrit-il.

"Suivre les poissons, suivre les oiseaux.
Envies-tu leur sort ? Suis-les jusqu'au bout,
Jusqu'à te muer en bleu originel,
Terreau du désir même de nage, de vol."


Enfin, l'appel constitue la toile de fond de ce quatrain totalement inspiré page 153 du Taoïsme.
"Ne quémande rien. N'attends pas
D'être un jour payé de retour.
Ce que tu donnes trace une voie
Menant plus loin que tes pas."


De quelle nuit suis-je venu ? de quel jour ? Soudain l'absente est au cœur de tout. Les iris
Ont frémi ; le mot vivre est dit.
En plagiant François Cheng c'est à ce maître que je veux remettre mon chant, car tous ses mots me parlent, tous m'éblouissent et m'apaisent.,
Quand il associe des mots aux sens disjoints, la terre habillée ou une brise déchirure, qui donnent une mystérieuse puissance à ses émotions.
Je me délecte de ses fulgurances "vivre désormais entre ondes et ondées, d'éclats recueillis, d'ombres dispersées".

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