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Critique de Presence


Ce tome regroupe les épisodes 1 à 9 de la minisérie parue en 2011, ainsi que 2 histoires courtes parues dans la minisérie "I'm an avenger". Tous les scénarios sont d'Allan Heinberg. Il vaut mieux avoir lu avant Affaires de famille la première minisérie des Youg Avengers.

Les Young Avengers (Vision, Wiccan, Hulkling, Hawkeye, Speed, Patriot et Stature) sont en train de se battre contre un groupe de terroristes (une phalange des Fils du Serpent). Iron Man, Ms. Marvel et Captain America arrivent pour les aider. Ils sont assez inquiets que le supposé lien de parenté entre Speed et Wiccan, avec Scarlet Witch puisse être réel et que Wiccan ait hérité des pouvoirs de sa mère. Ils ont encore en mémoire sa responsabilité dans les événements de House of M, et les terribles conséquences qui en ont découlé. Les Young Avengers n'ont pas l'intention de se laisser faire et ils décident de se mettre à la recherche de Wanda Maximoff, aidés malgré eux par Erik Lehnsherr (Magneto, le père de Wanda).

Avec le premier tome des Young Avengers, Allan Heinberg avait réussi le pari insensé de raconter une histoire passionnante avec des personnages dérivatifs de superhéros Marvel de premier plan, au milieu d'un paradoxe temporel. Ici il relève le défi de mettre en cohérence l'histoire de Wanda Maximoff. le lecteur retrouve avec plaisir les Young Avengers très attachants à nouveau dessinés par Jim Cheung pour la recherche d'un personnage historique de l'univers partagé Marvel, avec la participation des Avengers, de Magneto et d'encore un autre supercriminel emblématique de Marvel. Au fur et à mesure des pages, il devient évident qu'Allan Heinberg a une autre ambition que celle de développer ses personnages. Avec l'apparition de quelques Avengers, mais aussi de quelques X-Men (car Scarlet Witch a fait partie de la première équipe, mais elle a décimé la race des seconds et c'est une mutante), les Young Avengers ont peu de place pour exister. de fait Heinberg se concentre surtout sur Billy Kaplan (Wiccan) et son jumeau Thomas Sheperd (Speed). Mais au fil des dialogues, il apparaît que tous les Young Avengers s'expriment aussi bien que leurs aînés de plusieurs années et qu'ils disposent d'une connaissance encyclopédique des détails historiques de l'univers partagé Marvel que leur provenance en direct du futur ne suffit pas à expliquer complètement. Heinberg a du mal à faire croire au lecteur qu'il s'agit vraiment de jeunes adolescents.

D'ailleurs la recherche de Scarlet Witch est surtout l'occasion pour Allan Heinberg de plonger dans les recoins de son histoire compliquée. Il évoque bien sûr sa participation à la Fraternité des Mutants Maléfiques (Brotherhood of evil Mutants), sous la houlette de Magneto, alors qu'ils ignoraient leur lien de parenté, puis son incorporation aux Avengers, avec son frère Pietro (Quicksilver) sous le patronage de Captain America. Vient ensuite son mariage avec Vision (dans Vision And the Scarlet Witch), la naissance de leurs enfants dans A year in the life. Heinberg n'oublie pas rappeler les abus de pouvoir par Wanda possédée dans Knights of Wundagore et Darker than scarlet, ainsi que la disparition de son mari (dans A la recherche de la Vision). Il n'oublie ni ses liens avec Simon Williams (Wonder Man), ni le fait qu'elle a déjà fait une ou deux réapparitions plus ou moins oniriques dans l'univers Marvel 616 depuis "House of M" (devant Clint Barton dans Revolution, entre autres). Évidemment tous ces éléments prennent une place significative dans la narration, et additionnés aux combats de rigueur dans tout comics de superhéros qui se respecte, il finit par rester peu de place pour chaque personnage.

Au fil des pages, le lecteur se rend compte qu'Allan Heinberg a déplacé le centre d'intérêt de son histoire des Young Avengers, vers la continuité Marvel et la place occupée par Scarlet Witch dans cette continuité complexe. Il faut dire qu'il s'agit d'un personnage qui est apparu pour la première fois en mars 1964 dans l'épisode 4 de la série X-Men. Heinberg a l'art et la manière de mettre chaque événement en perspective, de redonner du sens à l'évolution du personnage et de revisiter des passages essentiels de l'histoire Marvel, même Avengers désassemblés prend logiquement sa place dans cette immense fresque. Pour le fan de Marvel, ce récit prend toute sa dimension mythique et permet même de distinguer un destin hors du commun pour Wanda. Pour caser tout ça, Heinberg a recours à de copieux dialogues et c'est un véritable tour de force qu'il réussit en chargeant chacun de ces rappels historiques d'une forte émotion grâce aux intérêts conflictuels des différents personnages. Comment Wiccan peut-il faire confiance à Magneto, ou aux Avengers, ou aux X-Men quant à ce qui se passera s'ils retrouvent Wanda ? Et d'ailleurs existe-t'il vraiment un lien de parenté ? Magneto est-il son grand-père ?

C'est un vrai plaisir que de retrouver les illustrations délicates de Jim Cheung qui a dessiné les 9 épisodes, avec un encrage de Rag Morales, aidé par Jim Cheung lui-même, John Livesay, Dave Mikis et Dexter Vines. Cheung sait conférer une apparence particulière à chaque personnage, leur donner un langage corporel expressif et nuancé. Il apporte un grand soin à chaque individu, avec un travail méticuleux sur les costumes. Les utilisations des superpouvoirs sont chatoyantes, hypnotisantes, tout autant que destructrices. Jim Cheung compose intelligemment chaque scène de foule ; les personnages ne sont jamais dessinés par couche superposées ou empilés les uns sur les autres, mais ils ont bien tous une relation spatiale sensée les uns par rapport aux autres. Chaque fois que Wanda est évoquée au travers d'un souvenir, elle est belle à croquer, à la fois fragile, féminine, puissante et mystérieuse. Dans les 2 tiers des pages, Jim Cheung prend le temps de dessiner les décors et là encore il ne se contente pas de quelques traits vite faits ; il conçoit un endroit particulier, pleinement réalisé. Sans être photoréalistes, tout en étant très détaillées, les illustrations de Cheung et Morales transportent le lecteur dans un monde empreint d'une touche de merveilleux, sans être infantile, une vraie vision artistique qui fait exister les personnages et leur personnalité dans le monde merveilleux des superhéros. Il est même possible de déceler ici ou là l'influence discrète des maîtres de Cheung de Jim Lee à Barry Windsor Smith (lors du démontage d'un robot dans la première page de l'épisode 3), en passant par Olivier Coipel.

Les courtes histoires complémentaires racontent comment les Young Avengers sont arrivés la première fois à l'Hôtel particulier des Avengers (petites difficultés avec les systèmes de sécurité, par Jim McCann et Chris Samnee), leur premier aperçu d'une arrivée de Thor (par Alan Davis et Mark Farmer). Elles sont sympathiques et anecdotiques.

Le titre de ce tome alerte le lecteur sur le contenu : il ne s'agit pas d'une histoire des Young Avengers, mais des Avengers. Allan Heinberg se focalise sur cette quête de Wanda Maximoff, sur l'histoire du personnage, sur l'impact de "House of M" sur les Avengers et les X-Men, sur les dilemmes insolubles, les cas de conscience si jamais Wanda Maximoff était vivante. Il donne une dimension fortement humaine à cette recherche en la racontant par les yeux de plusieurs personnages, à travers leurs sentiments, en particulier ceux de Wiccan et Speed. Cette histoire constitue à la fois l'aboutissement de celles initiées à partir de "Avengers désassemblé", et le prologue à AvX . le rythme du récit souffre par moment de cette volonté de mettre le plus de références possibles aux événements passés et tout expliquer, quitte parfois à sortir un coup de théâtre du chapeau (tel le mariage de l'épisode 4, d'une envergure telle qu'il est impossible que les Avengers n'en ait pas eu vent avant).
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