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Critique de anlixelle


Pour écrire "Un mois chez les filles", Maryse Choisy, journaliste de son état,  a souhaité, pour son 4 ème ouvrage rédigé en 1928 se glisser fortuitement  dans les maisons dites de "tolérance", en tant que femme de chambre.
C'est ainsi que, dans une jolie langue vive et intelligente, elle nous dresse les portraits d'hommes et de femmes d'une autre époque, de moeurs quelque peu différentes de nous.
On y apprend des détails pittoresques comme "Qu'est ce qu'un client parfait p 63 ? Ce qu'une "courtisane" ne doit jamais faire avec son client, car c'est "malhonnête" p 57.
Rien de fracassant, original, palpitant .... à mon goût.
La première partie se lit cependant d'une traite : on y suit M.Choisy dans ses petites déambulations  pour trouver ses premières places. C'est plutôt bien fait. On sent qu'on a affaire à une journaliste déterminée.
Puis, très vite, je me suis ennuyée,  car rien n'y est vraiment dit des ressentis des filles, de leur vrai quotidien, leurs joies (!), leurs peines, bref, leurs Histoires avec un grand "h" et aussi un petit.
 L'auteur, dans sa volonté de conter tous les lieux découverts,  finit par dresser une liste déshumanisée et à survoler l'ensemble, l'époque ne l'autorisant probablement pas à en écrire davantage.
Certes, nous sommes au début du siècle dernier, et la liberté d'expression a encore du chemin à parcourir.
Heureusement,  l'auteur,  psychanalysée et psychanalysante,  y va parfois  de ses commentaires psychologiques,  somme toute modernes pour l'époque, comme pour ce triste M.Creil qui ne peut faire la chose que déguisé en jeune mariée. .. "Quel malheur d'enfance ou de jeunesse déguisé M.Creil en mariée, en jeune mariée depuis vint ans ? Quel Freud psychanalysera ses égarements ? de ses anciennes incarnations, quel vice collé à sa peau. de quel enfer inimaginable s'est échappée son âme ?...".
Ce n'est pas réellement osé (même si le livre a fait scandale et qu'elle a tenté de le retirer plus tard) ni choquant (quand on a lu " Héloïse, ouille ! " de Teulé peut-on encore être choquée ?).
 Heureusement, ce témoignage grivoisement amusant est évidemment tout à fait féministe. On espère que c'est cette tonalité de plus en plus sarcastique qu'elle prend au fil des chapitres, qui a fait que ce livre, vendu à 450 000 exemplaires lors de sa sortie, a participé à la dénonciation de ces lieux dans lesquels les êtres humains n'étaient que des marchandises, qu'ils soient "courtisants homme ou femme ".
Et Maryse Choisy de conclure....:  "Je sais bien qu'il y aura toujours des putains et des bossus.  Mais chez les oiseaux, quand un mâle ne sait pas chanter devant la femelle, il reste sans femelle pour la saison. Chez les animaux, quand un mâle et une femelle n'ont pas obéi à la loi biologique de plaire, ils meurent sans amour. Chez les hommes, le bordel contrecarre toutes les lois biologiques....".  Etc. ....
Lien : http://justelire.fr/un-mois-..
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