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Critique de Korat


Une monumentale édition complète de la correspondance de Cicéron. On ne va pas se mentir, ça ne se lit pas comme un roman ; ça se déguste à petites gorgées.
Un homme se peint et peint sa société : lettres de recommandation, essentielles dans une société fondée sur le clientélisme, lettres amicales à son meilleur ami Atticus, lettres politiques, lettres de combat (Clodius Pulcher est son meilleur ennemi !), lettres de l'écrivain en cours de travail, lettres de supplications et de plaintes lors de son exil...
Cicéron a vécu une période de guerres civiles. Sa clairvoyance ne lui sert à rien, elle le précipite dans l'indécision. Il est sans cesse déchiré : il sait la République perdue et ne peut s'empêcher d'espérer, il se doit d'être fidèle à Pompée et ne veut pas se mettre en danger, il déteste César le dictateur et pourtant est fasciné par lui. Dans la dernière partie de sa correspondance il jette toutes ses forces dans la lutte contre Antoine, et observe avec intérêt et un brin de condescendance un tout jeune homme, héritier de César, qu'il surnomme "le gamin". Il a tort de le sous-estimer : il s'agit d'Octave, futur empereur Auguste.
Le lecteur apprend aussi beaucoup de choses sur la vie quotidienne au temps de Rome et notamment les conditions matérielles de la correspondance (pas de poste : il faut un esclave, un ami pour servir de messager). Et on garde des doubles des lettres reçues ou envoyées : au cas où elles se perdraient, pour les archiver, etc.
On voit aussi Cicéron acheter des propriétés, gérer son argent, traverser des tempêtes familiales : amour fraternel puis trahison de son frère et de son neveu, divorce, mort de sa fille tant aimée Tullia ("Tulliola" : ma petite Tullia). Notons que les femmes de la Rome républicaine n'avaient pas de nom à elles : elle prenaient le patronyme au féminin de leur père (Marcus TULLIUS Cicero est le père de TULLIA).
Bref une oeuvre fascinante, écho de la fin d'un monde déchiré, superbement et élégamment traduite, qu'on peut approfondir par les notes et introductions.
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