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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 18 à 25, ainsi que le numéro annuel 1, initialement publié en 1984 et 1985.

Épisodes 18 à 20 (Histoire également connue sous le nom de "Demon Bear saga") - Une rouquine (à l'époque son identité était inconnue) traîne à l'extérieur de l'enceinte de l'école de Westchester. Dans sa mémoire, elle a gardé l'image du professeur X abattu par plusieurs balles dans son fauteuil roulant. Danielle Moonstar a décidé d'affronter l'ours qui hante ses nuits. Elle termine à l'hôpital et ce démon prend pied dans la réalité et s'en prend à ses camarades.

Épisode 21 - Charles Xavier a autorisé ses nouveaux étudiants à organiser une pyjama partie dans l'école, avec des adolescents de l'extérieur. Il s'agit d'une soirée réservée aux filles. C'est le soir que choisit un extraterrestre pour atterrir à proximité de l'école.

Annual 1 (illustrations de Bob McLeod) - Roberto da Costa a obtenu des places pour aller assister à un concert de Lila Cheney. Il invite l'ensemble des New Mutants. Mais un extraterrestre semble en vouloir à la rock star et ils se retrouvent sur une autre planète. C'est un épisode sans prétention, une aventure avec une dimension spatiale et un ton assez léger, et des illustrations faciles à lire et à regarder.

Épisodes 22 à 25 - Roberto da Costa et Rahne Sinclair ne sont plus tout à fait eux-mêmes ; ils ont des réactions violentes disproportionnées et ils fuguent sans s'en rendre compte. Il semblerait que leurs agissements soient liés à leur rencontre un an auparavant avec Tyrone Johnson (Cloak) et Tandy Bowen (Dagger). Pendant ce temps là, Magneto se remet petit à petit de la destruction de son astéroïde en compagnie de Lee Forrester (une ex-compagne de Scott Summers). le père de Roberto da Costa est intronisé dans le cercle intérieur du club Hellfire, en même temps que Selene. Warlock vit dans la peur que son père ne le retrouve sur terre. Illyana s'interroge sur la véritable nature de son armure. Et les fiches du docteur Moira McTaggert mentionne l'existence de David Charles Haller.

En décembre 1982, Marvel Comics saute le pas et commande la création d'une nouvelle équipe de X-Men à Chris Claremont. Pour la première fois, il existe 2 équipes simultanément, dans 2 séries différentes. En mars 1983, sort le premier numéro de la nouvelle série mettant en scène ces nouveaux mutants. Claremont a choisi de mêler l'aspect jeunes débutants de la première mouture des X-Men (Cyclops, Angel, Beast, Iceman et Marvel Girl) avec le coté cosmopolite de la deuxième mouture de l'équipe (celle avec Storm, Wolverine, Colossus, etc.). Mais cette équipe se heurte à un lectorat qui a passé l'âge des jeunes adolescents soumis à une figure paternelle ; donc Claremont doit montrer que ses nouveaux mutants sont déjà de jeunes adultes en racontant des histoires plus sombres. Ann Nocenti (éditrice de la série) a l'idée et le culot de désigner Bill Sienkiewicz comme illustrateur. La rupture de ton est brutale par rapport aux dessins gentils de Bob McLeod, ou très habituels de Sal Buscema.

Dès la première page, Danielle Moonstar est terrorisée dans son lit sous les couvertures et l'image d'un ours apparaît sur les motifs de la courtepointe. 3 pages plus loin, la rouquine se rappelle la mise à mort de Charles Xavier et Sienkiewicz se lâche sur une case de la largeur de la double page qui lui permet de figurer l'impact des balles de manière magistrale et marquante pour le lecteur, une image impossible à oublier et qui appartient à un registre adulte (malgré l'absence de sang ou de tripailles).

Ce tome reproduit la postface de Sienkiewcz écrite pour la première réédition de "Demon Bear saga". Il explique que lors de la première parution les lecteurs regrettaient qu'il ait changé de style depuis Moon Knight. Il répond en indiquant qu'il avait déjà décidé de ne pas se répéter en continuant d'émuler le style de Neal Adams. Il délaisse les courbes harmonieuses pour leur préférer les lignes brisés et les angles agressifs. Il délaisse les silhouettes musculeuses au profit de corps aux proportions plus normales. Il augmente la densité de ses encrages en transformant certains à-plats en zones géométriques glissant subrepticement vers l'abstraction. L'apparence de Warlock synthétise parfaitement ce parti pris graphique. Il s'agit d'un personnage essentiellement dessiné en négatif (quelques lignes jaunes dans une masse noire) capable de changer de forme à volonté et de générer des excroissances sans rapport avec des objets réels.

Ce mode d'illustrations fonctionne à merveille pendant les 5 premiers épisodes, avec des mentions spéciales aux apparitions de l'ours démon, de Warlock et du monde à la manière de Walt Disney. Pour les 3 derniers épisodes, les manifestations de Cloak et Dagger exsudent une aura surnaturelle envoutante. Mais Sienkiewicz reste tributaire du scénario, et ce n'est pas toujours la fête.

Le mot d'ordre pour ces épisodes est de prouver au lecteur que les New Mutants ne sont plus des bébés. La première histoire atteint cet objectif : Danielle Moonstar doit confronter un esprit qui la poursuit depuis des années et elle finit à l'hôpital en soin intensif. Évidemment, Claremont n'y va pas avec le dos de la cuillère pour l'angoisse des adolescents, leurs incertitudes, leur manque de confiance en eux et dans les adultes. Tout y est, mais Claremont positionne ses personnages à la frontière de la vie adulte, et non plus au sortir de l'enfance (sauf peut-être pour Rahne).

Les choses se gâtent à partir de l'épisode 23. Claremont a décidé d'effectuer un plongeon en apnée dans une continuité filandreuse. Il va repêcher 2 personnages (Cloak & Dagger) créés par Bill Mantlo et il évoque à longueur d'épisode des faits s'étant déroulés dans d'autres séries (dont Marvel team-up). Il se lâche dans les dialogues fleuves, les atermoiements des héros, les monologues geignards et nombrilistes. le conflit est résolu au cours d'un long échange entre Cloak et Charles Xavier, absolument imbuvable (j'ai failli abandonner en route et j'ai eu du mal à finir le dernier épisode). Il faut avouer que déjà à cette époque les tics narratifs de Claremont sont marqués : bulles de pensée copieuses, personnages en proie au doute systématique, rappels et redites systématiques en début de chaque épisode, hésitations interminables et intrigues secondaires étirées sur plusieurs numéros au-delà du raisonnable. Par exemple, Warlock avec son papa aux trousse font leur première apparition dans l'épisode 18 (août 1984), mais ce n'est que dans l'épisode 47 (janvier 1987), soit 2 ans et demi plus tard que les lecteurs pourront assister à la confrontation.

Mais au final, ces aventures se lisent facilement (sauf la dernière) et brillent de mille feux grâce au talent de Bill Sienkiewicz. Les personnages sont encore assez neufs (Cannonball, Sunspot, Wolfsbane, Mirage, Magm, Magik et Warlock) et donc en pleine évolution, ce qui augmente le dynamisme des histoires. Claremont et Sienkiewicz font encore un bout de chemin ensemble dans la majeure partie de The New Mutants Classic 4 (épisodes 26 à 34).
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