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Critique de MonsieurHyacinthe


Ah, Clarke et ses clairs-obscurs, son usage du noir, son penchant pour les zones d'ombre, les intrigues ficelées, l'exploration de la mémoire. Comme une vieille grand-mère que l'on visite une fois l'an, j'adore retrouver son monde et ses manières. D'ouvrage en ouvrage, je défends cet artiste dont j'apprécie chaque proposition adulte (je ne connais pas encore ses albums jeunesse autour de "Mélusine") et dont le relatif anonymat m'étonne toujours, alors qu'un Chabouté affole les compteurs (même si, à vrai dire, si j'y réfléchis deux secondes, c'est plutôt le succès du noir et blanc de Chabouté qui m'étonne). J'apprécie les deux poètes de l'encre noire, leur trouve une communion de pensée, des méthodes, une approche et une sensibilité proches.

Ici, sous la plume de Lapière et Clarke, Luna a les yeux de Chimène pour Hugo, mais la cécité d'un ajusteur de phares de voiture. Elle se débrouille très bien avec son handicap. Jamais de pathos, on ne va pas chercher gratuitement la corde sensible, on peut être femme, aveugle, forte et indépendante. Elle s'en fait un chemin de vie, non un chemin de croix.

Luna tente comme elle peut de rabibocher la famille, quand l'infernale mécanique de l'accusation lui tombe dessus. Meurtre, imbroglio, secrets, garde à vue, les témoignages s'accumulent contre elle, un faisceau d'évidences en fait l'unique coupable présumée. Va falloir démêler le vrai du faux, mais n'est-ce pas le destin d'une Luna bien nommée, seule lumière dans la nuit ? La dentelle est parfaite, l'engrenage bien huilé, le trait cinématographique.

Trois réticences tout de même :
1. Les personnages sont tous beaux, jeunes, minces, peu représentatifs de la multiplicité de la population. Dommage. On y croît moins.
2. Les dialogues sont peu savoureux (on peine à extraire une citation digne d'intérêt, le texte ne sert que l'intrigue, pas la jubilation de l'écriture).
3. La psychologie criminelle tombe un peu comme un follicule pileux sur la soupe, on l'aurait souhaité mieux amenée, mais le format 60 pages explique peut-être cela.

On retient la bonne histoire, classique mais efficace. Les rôles féminins forts et centraux. le divertissement sur un mode réaliste. le dessin de Clarke, ses angles de vues savants, sa créativité discrète.
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