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Critique de DocteurPlatoche


Classique du roman de gangsters des années 20, "Un nommé Louis Beretti" est un bijou d'efficacité qui reflète parfaitement les caractéristiques de la "hard-boiled fiction" (ces polars "durs" qui apparaissent après la 1ère guerre mondiale) : une littérature qui va droit au but, qui esquinte les belles-lettres et dresse un tableau cru de la société urbaine. Louis est littéralement né dans la rue et est devenu ce à quoi le destinait son quartier : un "tough guy" dans un "tough neighborhood". Louis a du poil dans le dos ; c'est un dur, qui cogne, boit, rote, et cogne encore. Depuis la plus tendre enfance du truand jusqu'à sa réussite sociale durant la Prohibition, la narration démythifie l'image que les journaux et les bonnes gens veulent se faire du gangster. Dans les quartiers pauvres de New York, tout se fait le plus naturellement du monde. Louis et sa bande de copains n'ont pas même conscience d'être criminels quand ils trafiquent, volent ou tuent. Plutôt qu'une bande, ils forment un microcosme qui obéit à un système de valeurs différent de celui du beau monde.

Contrairement à la plupart des romans de gangsters comme "Scarface" ou "Little Caesar", l'histoire ne raconte pas tant l'ascension et la chute brutales d'un voyou que des tranches de vie populaire. Cela tient au fait que Donald H. Clarke a longtemps traîné dans ces quartiers en tant que journaliste (expérience qu'il romancera dans le moins réussi "Strictement confidentiel") et qu'il s'est intéressé aux théories sociologiques de l'école de Chicago. L'auteur a collecté de nombreuses anecdotes dans les bas-fonds urbains et les relate non sans une certaine ironie : il dément l'image que les journaux donnent de la pègre mais, en même, il souligne que ce décrit n'est toujours qu'une représentation romanesque. Un polar beaucoup plus complexe que sa brutalité ne le laisse présager.
A noter : John Ford fit une adaptation filmique de ce roman ("Born reckless", 1930), concernant beaucoup moins les bas-fonds newyorkais que l'expérience de la guerre mondiale.
A noter (bis) : D.H. Clarke a écrit quelques romans annexes à "Louis Beretti" : "Beretti pas mort" ou "A Gal Named Lou", sympas à feuilleter si l'on est attaché aux personnages du premier roman, mais qui ne lui arrivent pas à la cheville.
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