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Critique de cedratier


« La route de Sarajevo » ; Olivier Claudon (La Nuée Bleue, 280p)
Sarajevo la multiculturelle est assiégée sous le feu des armes serbes depuis avril 1992, les obus ou les balles des snipers massacrant hommes, femmes et enfants dans un but délibéré d'épuration ethnique. En Alsace, un élan de solidarité va déboucher sur l'organisation d'un des plus importants convois d'aide humanitaire de l'époque ; 130 bénévoles conduisent en février 1993 une flotte de 55 véhicules, remplis de nourriture, de médicaments, de vêtements (ou peut-être plus ?) à l'intention des civils qui se terrent, en manque absolument de tout, dans les caves ou les immeubles en ruine de la capitale bosnienne. Sur ce fait historique bien réel, Olivier Claudon, journaliste et romancier, qui à l'époque fit partie de ce convoi, greffe le roman d'un jeune Strasbourgeois, Ludwig, qui se propose au tout dernier moment comme volontaire pour conduire un des poids lourds. C'est lui qui servira de fil conducteur à ce voyage éprouvant, le convoi traversant les checkpoints angoissants en se faisant au passage racketter, jusqu'au choc de la rencontre avec les habitants écrasés mais résistants, témoignant des horreurs d'une guerre qui ressemble, qu'on le veuille ou non, à beaucoup de guerres.
L'aspect documentaire est absolument frappant, les horreurs subies sont décrites sans voyeurisme, mais avec un réalisme brûlant. On sent la plume du journaliste témoin, et rien que pour cela, il faut lire ce livre. Olivier Claudon, par le regard qui se dessille de Ludwig, et les témoignages bouleversants des autochtones que ce dernier rencontre, montre la passivité calculée des puissances occidentales dans leur rôle de spectateur passif face à l'exacerbation d'un nationalisme suprémaciste et criminel.
Mais c'est aussi un roman bien construit, avec ses rebonds, ses mystères et ses suspenses, son souci d'incarner une réalité historique dans des parcours humains, et pas que d'un seul côté du front — on fera aussi connaissance de Darko, sniper serbe enivré de propagande. Et l'auteur distille habillement, par flash-back successifs, les raisons qui ont poussé Ludwig, physiquement abimé et au parcours de vie chaotique, à se raccrocher à cette possibilité de fuite loin de l'hexagone — et l'on découvre en passant un aspect de la capitale alsacienne que les touristes et nombre de locaux sont bien loin d'imaginer.
Un livre prenant, qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé, et qui marque.
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