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Critique de MelM


18,5/20
Presque un coup de coeur

Patrick, c'est l'archétype même de l'agriculteur bourru, solitaire, coincé au fond de sa campagne, dans ses champs et qui s'en accommode très bien. Et même plus: il ne souhaiterait pour rien au monde que sa vie bien réglée soit bouleversée. Pourtant, il était très loin d'imaginer ce qu'il va lui arriver. Sa vie ne va pas simplement être bouleversée, elle va exploser en lambeaux, tout comme ses certitudes et tout ce qui régit normalement la nature humaine. Dans ce nouveau monde, plus aucune loi n'a de raison d'être et dire que tout part en vrille est un euphémisme. Alors quand il se retrouve coincé au premier étage de sa maison avec une fillette, sauvée par bonté d'âme, dont il ignore jusqu'au nom, Patrick sait que son avenir n'a jamais été plus incertain. Il va désormais falloir se battre pour survivre, se battre contre ces créatures mortelles, contre des Hommes hostiles, mais aussi contre soi...

Vous aimez les histoires de zombies? Vous aimez l'action, l'angoisse et l'incertitude qui règnent dans ce genre de romans? Vous aimez être étonnés par des personnages et ne rien pouvoir prévoir de la fin d'une histoire? Vous aimez lire les récits d'un auteur français? Si vous avez répondu oui à ces questions: Les Décharnés est vraiment fait pour vous. Il est vrai que je n'ai pas lu énormément de livres de zombies, mais celui-ci se place indubitablement dans le haut du classement de mes lectures zombiesques préférées. Paul Clément a vraiment fait un énorme travail sur ce roman et ça se sent, tout est millimétré, tout est étudié pour ravir le lecteur et j'y ai vraiment été sensible. C'est simple, c'est pratiquement un sans faute pour moi, j'ai tout adoré, de l'atmosphère du récit à la plume de l'auteur en passant par les différents rebondissements et les personnages, mon verdict est donc sans appel: ce roman est un régal, qui saura séduire les adeptes de ce type de lectures.

le premier bon point à relever concerne les toutes premières pages du récit. L'auteur a fait le choix, extrêmement judicieux, de ne pas s'appesantir sur la mise en place de son intrigue. Tout démarre extrêmement rapidement et on se laisse emporter bien volontiers par ce déchainement de violence et d'action dès les premières pages, qui ne peuvent que nous laisser scotchés - déjà - et surtout pleins d'interrogations, d'appréhension et d'excitation pour la suite. Si l'auteur a le culot de faire débuter son roman aussi rapidement, qu'est-ce qu'il va bien pouvoir nous inventer par la suite? Ça promet et franchement, l'auteur a su garder cette même constance tout au long de son histoire, ce qui est vraiment très positif. Alors oui, nous sommes plongés immédiatement dans l'ambiance du récit, le ton est donné dès le début, mais cette rapidité, bien que très agréable, apporte aussi son lot de lacunes, notamment concernant la situation des zombies et l'élément déclencheur de la transformation, outre le fait de se faire mordre (ou alors j'ai loupé un truc et dans ce cas-là, je m'en excuse).

En effet, l'univers imaginé par l'auteur est vraiment très bien développé si on oublie le fait que l'on ai très peu de détails concernant la transformation des tous premiers zombies, détails impossibles à obtenir sachant que nos protagonistes habitent en campagne/village et qu'ils ne font pas partie des hauts cercles de la société, le tout reste donc cohérent. Paul Clément nous offre tout de même un univers bien travaillé et approfondi, qui change de ceux que j'ai déjà pu lire auparavant dans le même genre. de plus, j'avoue avoir eu peur, au début de ma lecture, que l'auteur nous offre un huis clos tout au long de son récit. En effet, même si je suis une grande fan des huis clos pour l'atmosphère lourde, pesante et sombre qui les accompagne, j'avais peur qu'ici, il soit de trop. Heureusement, ce n'est pas le cas, pas de huis clos mais on conserve une atmosphère angoissante très addictive. En somme, l'auteur s'en sort vraiment à merveille, autant dans ses choix pour son récit et son univers, que dans sa mise en place et son évolution.

Paul Clément n'a pas seulement su gérer à merveille son univers, il a également une plume vraiment extra. Une écriture détaillée, très descriptive qui contribue à accentuer l'effet "horreur/angoisse" de la situation. Mais c'est aussi une écriture très fouillée, très recherchée qui n'en est pas pour autant lourde ou difficile à lire puisque ce roman se dévore très rapidement. Personnellement, j'ai vraiment adoré le style d'écriture de l'auteur, assez soutenu sans être pompeux, riche et profond, ce qui ajoute encore au plaisir de cette lecture. Les descriptions sont parfaites, autant du décor que des différents personnages, elles apportent vraiment un plus au récit sans le plomber ou l'alourdir, elles s'intègrent vraiment très bien à l'action et c'est forcément très positif. Encore une fois, on sent qu'il y a beaucoup de travail derrière ce premier roman, qui est vraiment très bien écrit.

Si j'ai eu peur d'un huis clos qui aurait trainé en longueur dans ce récit, c'est parce que toute la première partie du roman se déroule dans cet esprit. L'enfermement, l'isolement, la peur, la chaleur, l'état de "siège", tout cela est vraiment très bien maîtrisé et plante immédiatement le décor: les personnages vont avoir peur, ils vont avoir chaud, ils vont devoir se battre et souffrir pour survivre. Je pense que c'est bien ici le but premier de cette partie, la découverte de l'univers et des possibilités qui en découlent. En plus de cela, Paul Clément n'oublie pas de donner un rythme plus qu'intéressant à cette première partie dans laquelle l'action est elle aussi vraiment au rendez-vous. Corps-à-corps avec les zombies, instinct de survie, et remise en question de la part de Patrick rythment le début du récit. En effet, cette première partie a aussi pour vocation de nous faire découvrir les personnages imaginés par l'auteur ainsi que leur grande complexité.

Et c'est, là encore, un énorme point fort du roman: ses personnages! Ils sont tous d'une profondeur et d'une complexité magistrale, ce sont de vrais personnages à part entière, presque humains tellement il est facile de s'attacher à eux ou de comprendre leurs actes (même si on ne peut décemment pas tous les cautionner), et c'est vraiment ce qui rend le récit plus vivant, encore plus crédible et terrible par certains aspects.
Tout d'abord, il y a Patrick, personnage froid et distant de prime abord, qui m'a un peu choquée dans les premières pages je dois l'avouer, mais auquel j'ai rapidement su m'attacher. Sous ses airs de gros dur indépendant, se cache un grand coeur, capable d'aimer sans condition et de défendre bec et ongles ceux qu'il aime. C'est vraiment un personnage à la psychologie très complexe, que j'ai adoré découvrir aux fils des pages et en fonction des rebondissements auxquels il est confronté. Un personnage aux multiples facettes, avec beaucoup de failles mais de très bons côtés, qui ne laissera personne indifférent, c'est certain.
Comment ne pas parler d'Emma? Cette petite est vraiment excellente, c'est la pépite du récit, l'ancre à laquelle Patrick se raccroche. Elle représente la jeunesse que l'on voudrait protéger alors qu'il est déjà trop tard. L'insouciance et la joie qu'elle dégage par moments, ternis par la dure réalité dans laquelle elle évolue sont autant de messages forts et la carapace qu'elle érige autour d'elle est tellement triste à observer. Et pourtant j'ai adoré sa relation avec Patrick, juste, simple, pleine de confiance, c'est vraiment très touchant et j'espère que vous apprécierez autant que moi cet aspect du récit.
Ce magnifique duo va rencontrer un certain nombre d'autres personnages, aux intentions plus ou moins floues, plus ou moins honnêtes et surtout plus ou moins amicaux. Gérard, Karim, Christine ou encore Chris sont ceux qui m'ont le plus marquée, de différentes manières. Leurs caractères couvrent un large panel de possibles réactions humaines en cas d'invasion zombie et ils sont tous intéressants à découvrir.

Outre les personnages, qui tiennent vraiment un rôle important dans le récit, l'intrigue est vraiment palpitante, ultra prenante et addictive, et cela, du début à la fin. Autant dans la première partie, qui se déroule en huis clos, que dans la seconde, où l'action est encore plus présente, où l'on est presque constamment en mouvement et où tout semble pouvoir basculer en un claquement de doigts. Malgré quelques tous petits temps morts à déplorer, qui permettent néanmoins d'approfondir certains personnages, le tout est vraiment très vif, très enlevé et vraiment extrêmement agréable à suivre. Chaque chapitre nous apporte de nouvelles choses, de nouveaux paysages à explorer, de nouveaux personnages ou situations à appréhender et il est vraiment impossible de s'ennuyer. de plus, j'ai adoré vibrer au rythme du questionnement implicite soulevé par toute cette violence: mais comment tout cela va-t-il bien pouvoir se terminer?

Cela nous amène donc au dernier point très positif de ce roman, que l'on retrouve en fait tout au long du récit mais qui prend de plus en plus de sens lorsque l'on s'approche de sa fin, il s'agit de l'imprévisibilité du déroulement de l'intrigue. L'auteur sait ménager son suspense et quelques chapitres avant la fin, on ne peut toujours pas prévoir ce qu'il va se produire et j'ai adoré ça. C'est une fin pleine d'émotions, entachée par la violence humaine que Paul Clément nous livre, mais aussi par certains aspects une fin pleine de douceur et d'amour. Si j'ai su apprécié ce choix de l'auteur et la façon dont il l'a installé, je reste vraiment sur ma faim concernant certains points pour lesquels on ne nous fournit pas de réponse précise. Pour moi, c'est donc une fin agréable et bien pensée mais aussi assez frustrante, qui donne très envie d'en savoir plus sur "l'après".

Les +: la mise en place ultra rapide, l'atmosphère pesante et angoissante, une écriture très approfondie et descriptive, des personnages hauts en couleurs, énormément de rythme dans l'action, une intrigue très plaisante et efficace, ...
Les -: peu d'informations sur la formation des zombies, quelques moments de flottement, la fin un peu trop ouverte à mon goût

En conclusion, Les Décharnés est vraiment un excellent roman de zombies, écrit par un auteur français à la plume vraiment excellente, très fouillée, très poussée et extrêmement descriptive, pour notre plus grand plaisir. Paul Clément met en place un univers vraiment très intéressant et bien que certaines questions restent un peu en suspend, le tout est très équilibré et très cohérent, du début à la fin. Un début de récit d'ailleurs très bien maîtrisé, sans temps mort et qui donne immédiatement le ton d'un roman à l'atmosphère lourde et pesante mais toujours extrêmement addictive, que l'on ne peut absolument pas lâcher avant la toute dernière page. Les nombreux rebondissements, l'action et l'angoisse permanente ainsi que les faits et gestes des personnages vraiment attachants que sont Patrick et Emma y sont aussi pour quelque chose dans le succès que cette histoire a remporté avec moi. Malgré quelques petits moments de flottement, de baisse de régime par-ci, par-là, et un final un peu trop ouvert à mon goût, Les Décharnés reste vraiment une excellente lecture, que je ne peux que conseiller aux fans de lectures zombiesques.
Lien : http://story-of-books.blogsp..
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