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Critique de iris29


On est en 1977 et une jeune fille, Calista , quitte la Grèce pour un voyage aux USA, elle y rencontrera tout à fait par hasard le metteur en scène Billy Wilder , (et son scénariste ) qui s'apprêtent à tourner Fedora, son avant dernier film, et qui auront besoin pour les scènes tournées sur l'île, d'une interprète. Elle passera quelques jours en compagnie de l'équipe, quelques jours qui marqueront son destin..

On est en Angleterre, Calista a désormais 57 ans, et se souvient de ces années -là. Elle est devenue créatrice de musiques de films, métier qu'elle doit aux personnes qu'elle a rencontré sur Fedora.
Ses deux filles s'apprêtent à quitter le nid, elle a du mal à y faire face. L'une d'elle est enceinte et envisage l'avortement afin de ne pas renoncer à l'université.

Roman d'apprentissage, roman sur le temps qui passe, sur la vieillesse qui arrive, sur ce qu'elle enlève aux gens.
Parallèle entre Billy Wilder et Calista qui ne se voient plus offrir de belles opportunités professionnelles.
Billy Wilder n'est plus "bankable" auprès des studios hollywoodiens ; Fedora est son chant du cygne. Il est devenu ringard, la nouvelle génération de metteurs en scène ( Sorsese, Spielberg...) arrivent , et le poussent gentiment vers la sortie. Fedora aura un accueil mitigé, certains spectateurs riront pendant certaines scènes, ce qui n'était pas prévu..;
Calista, qui voit partir ses filles ,lesquelles vont " vivre leur vie" , la maman a fini son "boulot" de maman... Qui va t'elle aimer aussi fort ? Que va-t'elle pouvoir faire d'aussi fort que d'élever des enfants, les chérir et les préparer au monde ?
Roman qui interroge sur ce qu'on laisse . Quelle trace ?
Une oeuvre artistique, des enfants, quelque chose pour être immortels , au moins dans le souvenir ...
Et enfin, "Billy Wilder et moi " c'est aussi le roman d'un cinéphile pour des cinéphiles... Parce qu'il faut avoir vu Fedora pour comprendre, aimer, et ne pas s'ennuyer à la lecture de ce roman (à mon avis !).
Le film Fedora, c'est l'histoire (au début parce qu'après ça se "corse" !), d'une actrice vieillissante qui a pris congé du monde, qui vit recluse dans sa propriété sur une île grecque. Plus personne ne peut la voir, aucun journaliste. La star vieillit et n'a plus envie d'être vue, scrutée, soupesée, évaluée, jugée. Est-elle bien "conservée" ? Est-elle encore belle ? N' est-elle plus que l'ombre d'elle même ? Nul ne le sait ...
Film sur la vieillesse, livre sur la vieillesse.
Jonathan Coe (l'écrivain reconnu) fait dire à Billy Wilder ( Légende du cinéma ) : " Dès qu'une femme perd sa beauté , c'est fini. Elle est invisible." et une page avant : " Mais c'est différent pour les hommes et pour les femmes. Pour moi, vieillir est un désagrément. Pour les femmes, c'est une tragédie. Et je l'ai constaté par moi-même. Je l'ai vu de mes propres yeux."
Fedora raconte une tragédie : une star, une femme magnifique qui vieillit et tout ce qui sera mis en place pour éviter cela... Une tragédie : pas d'autre mot !
Un film sublime malgré ses imperfections, un des films qui m'a le plus marquée, peut-être parce que je l'ai vu jeune, à l'heure où l'on se forme...
Mais certainement , un film qui m'a percutée parce que je l'ai vu à une époque où j'étais cinéphile, où je lisais tout ce que je pouvais sur le vieil Hollywood, comment il était né, comment il était passé du noir et blanc à la couleur, du muet au parlant.
Et forcément quand on est cinéphile, Fedora c'est Greta Garbo qui l'a inspiré. Cette star qui a refusé de vieillir devant les caméras, et qui a pris sa "retraite" au sommet de sa gloire et de sa beauté , comme Fedora.
Il y a beaucoup de choses dans ce roman, beaucoup de "boites " à ouvrir, de tiroirs qui se répondent, de poupées russes... Roman d'apprentissage, éloge de la lenteur au cinéma, roman de cinéphile etc...
Mais ce qu'il ressort quand claque le mot " FIN", c'est une furieuse envie de revoir Fedora, et une pressante envie de découvrir (ou revoir ) tous les films de Mr Wilder.
Et aussi ceux de Mr Lubitsch , puisqu'il est question de The shop around the corner , un magnifique film.. (remake : @Vous avez un message).
Et quand un roman vous donne envie de découvrir les créations d'autres créateurs, quand un écrivain vous fait partager ses coups de coeurs, ses influences, ça s'appelle un hommage, un grand cri d'amour au cinéma .
Billy Wilder et moi, Et vous, et Jonathan Coe, et Lubitch , et Al Pacino, et Spielberg etc... etc... Et Marthe Keller ; bien sûr...
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