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Critique de dannso


Par l'intermédiaire d'une jeune interprète, puis assistante grecque, l'auteur nous raconte le tournage du film Fedora de Billy Wilder. On est au printemps 1977. Celui-ci est à la fin de sa carrière et ses films n'ont plus le même succès, détrônés par ceux de « jeunes barbus ». « Les dents de la mer » est sorti quelques mois auparavant, et semble représenter que les spectateurs attendent, en tous cas ce que les producteurs veulent financer : « Et maintenant, tous les crétins de producteurs que compte la ville veulent plus de films avec des requins. Voilà comment ils réfléchissent, ces gens-là. On a gagné cent millions de dollars avec ce requin, il nous faut un autre requin »
D'ailleurs ce n'est pas Hollywood qui finance ce dernier film, mais une entreprise allemande à la recherche de niche fiscale. Ce qui permet à Billy Wilder de commenter : « Avec ce film, je ne peux pas vraiment perdre. Si c'est un franc succès, c'est ma revanche sur Hollywood. Si c'est un flop, c'est ma revanche pour Auschwitz »
Et, les souvenirs de la montée du nazisme et de son exil, puis de son retour en Angleterre à la fin de la guerre et du visionnage de scènes de libération des camps de la mort sont une des parties les plus émouvantes de ce roman. Ils sont évoqués sous forme de scénario lors d'un repas au restaurant à Munich. L'impact en est d'autant plus grand : quelques scènes sans détails inutiles, qui montrent re comment ces évènements ont marqué le cinéaste qui passera des heures à chercher le visage de sa mère disparue à jamais dans ces films réels et même plus tard dans le film La liste de Schindler.
Le film Fedora raconte le destin d'une ancienne vedette de cinéma, à la gloire déclinante. Et on fait évidemment le parallèle avec le cinéaste lui-même. Il ne se ment pas, il sait que son âge d'or est derrière lui, mais il filme toujours avec le même enthousiasme. À côté du cinéaste, l'auteur met sous les feux de la rampe son scénariste « Monsieur Diamond », homme taciturne et néanmoins attachant, qui lui aussi est conscient de leur déclin commun, mais qui à l'image de Billy Wilder aime les bons mots « Et je pris conscience que pour un homme comme lui, un homme fondamentalement mélancolique, un homme pour qui la marche du monde ne serait jamais qu'une source de regrets et de déceptions , l'humour n'était pas seulement beau mais nécessaire, que raconter une bonne blague pouvait faire naître un moment , fugace mais délicieux, où la vie prenait un sens particulier et ne semblait plus arbitraire, chaotique ni inexplicable. »
Cela aurait pu être seulement nostalgique et mélancolique, c'est aussi plein d'humour et de savoir-vivre. Ces deux hommes sont lucides, mais aucun ne se plaint et leur attitude me semble très britannique.
Britannique comme l'auteur qui rend cependant un vibrant hommage à un fromage bien français, dans une scène merveilleusement décrite : J'ai savouré en leur compagnie le fromage et le vin, j'en ai eu en bouche le gout et la texture. rien qu'à lire ces quelques pages.
Ce roman est une merveille. Et ma critique peine à lui rendre l'hommage qu'il mérite. Lisez-le.
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