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Critique de montmartin


Sa mère attend Mohammad un réfugié afghan, qui va habiter sa maison. Elle n’a pas prévenu ses enfants, pour elle c’est une évidence, ce n’est pas quelque chose dont on doit parler, c’est quelque chose qu’on doit faire. Sa mère est une belle femme de 70 ans, une guerrière. Benoit décide d’écrire l’histoire de Mohammad et de sa mère comment ils se sont rencontrés.

Mohammad est né en Iran, c’est là que ses parents se sont réfugiés après avoir quitté l’Afghanistan pour fuir la guerre avec les Soviétiques. Dès son plus jeune âge, il doit être un bon musulman. Il faut se fondre dans le moule, sans rien remettre en question, mais il s’interroge de plus en plus. Il a 14 ans aime le rap et rêve de New York. Il faut être invisible, ne pas exister. Il lui est interdit de conduire une voiture, de travailler ailleurs qu’à l’usine, d’être propriétaire. le retour à Kaboul, une ville dévastée par la guerre. Ici aussi, il est considéré comme un étranger. La lecture d’un livre sur le développement personnel et c’est le déclic, penser librement, vivre pleinement, il a 16 ans et il vient de renaître.

La guerre contre les talibans, un poste d’interprète entre les militaires français et les villageois. Les embuscades, la peur, les combats. Il commence à s’intéresser aux sciences politiques et rêve d’intégrer une école prestigieuse. Les soldats français vont quitter le pays, les interprètes sont des traites, des collaborateurs, il faut qu’il parte au plus vite. La France enfin, Paris, les centres d’accueil, la rue, dormir à droite à gauche, éternellement condamné à être traité comme un sous-homme, n’être plus rien, faire face à une indifférence totale. Les gens le voient comme un jeune homme, mais il est déjà vieux.
Benoit Cohen nous raconte en parallèle son parcours et celui de Mohammad. Benoit fils de juif tunisien, déraciné à Paris lors de l’indépendance de la Tunisie, Benoit qui s’envole pour vivre son rêve américain, alors que dans le même temps Mohammad arrive enfin en France après des mois d’errance.

L’auteur nous fait partager le quotidien terrible des migrants aujourd’hui, ils sont trahis, ils ont risqué leur vie, ils sont chassés et rejetés lorsqu’ils arrivent chez nous. Il nous parle avec amour de sa mère qui accueille naturellement un réfugié, ne lui force pas la main, l’écoute avec attention, sans jamais être intrusive.

Mais au-delà de cette histoire de Mohammad valeur de symbole, Benoit Cohen nous entraîne dans une réflexion sur l’obscurantisme de la religion qui verrouille les cerveaux et les cœurs, il faut douter d’un Dieu qui contrôle tout, qui régit tout. Un plaidoyer aussi contre Donald Trump, président raciste et mégalomane qui chaque jour par une nouvelle provocation, une nouvelle incitation à la haine démantèle le rêve américain, terre d’immigration et de mélange de cultures.

Une belle aventure que celle de Mohammad, qui désire entrer à Sciences-Po, obtenir la nationalité française, changer de prénom pour effacer la souffrance, la religion, l’ignorance, le passé, devenir une autre personne, sans jamais oublier ses parents et son pays. Merci à Benoit Cohen pour ce récit salutaire.








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