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Critique de gruz


Le roman de Fabrice Colin est présenté comme un thriller. La quatrième de couverture laisse penser à une énième histoire de tueur en série.
Oui, on peut parler de thriller, Colin en utilise certains codes (tension, passages nerveux à l'intérieur des chapitres…). Mais ce récit est bien plus que ça, l'auteur dévoyant ces codes pour nous emmener sur un terrain inédit, un territoire étrange où se mêlent tuerie de masse, croyances, manipulations mentales, tentatives de rédemption et… alligators.
Formellement parlant, le roman sort de l'ordinaire : il est découpé en trois parties en alternance tout au long du récit, chaque partie narrant le destin d'un personnage. Destins qui s'enchevêtrent tout au long de l'histoire, dans leurs passés et leurs présents.
L'excellent idée de départ est de ne pas utiliser le même ton ni la même narration pour ces trois chapitres récurrents. L'utilisation alternative du « Il », « Tu » et « Je » concoure à insuffler une ambiance particulière à chaque chapitre et donc à chaque personnage.
La structure du récit ensuite, absolument pas linéaire, faite de flashbacks et de retour vers le présent, rend également ce roman atypique. Cette trame déstructurée demande toute l'attention du lecteur, balloté qu'il est par les destins, les croyances, les délires et la violence des personnages.
Des personnages en quête de rédemption (le mot revient régulièrement au cours de l'histoire), tant ils ont perdu le sens des réalités, se sont perdus sur des chemins de traverse parsemés d'horreur.
Ce roman n'est donc pas véritablement un thriller, c'est un récit de destins aliénés où se croisent de nombreux thèmes, entre ésotérisme, pseudo croyances religieuses, sectes et violence.
Et cette violence est patente dans le roman, autant prévenir le lecteur de suite. L'histoire débute dans l'horreur brute, en pleine tuerie de masse, pour ensuite régulièrement plonger dans les monstruosités et tortures infligées dans le cadre de dérives sectaires. Ces passages sont particulièrement éprouvants, parce que racontés de manière crue et clinique à travers ce personnage broyé depuis son plus jeune âge.
Le malaise est profond durant la lecture et les retours incessants vers le passé ne permettent pas au lecteur de se préparer à ce qui l'attend la page suivante.
Parlons de l'écriture ensuite. D'une richesse assez inédite dans ce genre de roman, on sent que l'auteur a côtoyé régulièrement les romans de l'imaginaire dans son passé, proposant une narration imagée, métaphorique et parfois poétique (poésie du désenchantement).
Oh tout n'a pas été parfait à mes yeux, j'ai senti poindre quelques (rares) pincées d'énervement devant certains paragraphes que j'ai trouvés un peu abscons, ayant eu l'impression de suivre un Colin en roue libre durant ces (quelques) passages. Remarque cependant mineure par rapport à la qualité d'ensemble.
Fabrice Colin est, pour moi, un auteur à suivre à l'avenir ; son univers est suffisamment unique pour le faire ressortir du lot. Je pense toutefois que cet univers un peu particulier ne conviendra pas à tous les lecteurs, et peut générer des avis réellement tranchés sur cette oeuvre.
En ce qui me concerne, Fabrice, ton prochain livre sera le mien.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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