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Critique de si-bemol


[Lu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio]

D'emblée, la couverture de "Chemins de Musique" et sa sobriété révèlent la personnalité, aussi pudique que discrète de Jean-Philippe Collard : pas de photo de l'artiste, encore moins en concert… seulement sa main gauche, un peu vieillie (il a aujourd'hui 72 ans) délicatement posée et comme en suspension au-dessus du clavier.

Et c'est avec beaucoup de pudeur, en effet, de retenue et de modestie qu'il nous confie en une centaine de pages ses souvenirs et son parcours de musicien : la découverte précoce de l'instrument, les années d'étude (peu convaincantes) au Conservatoire de Paris, la rencontre avec celui qui deviendra son grand complice, le pianiste Michel Béroff, et avec son professeur, Pierre Sancan, aux méthodes pédagogiques révolutionnaires inspirées de l'Ecole russe. Puis les concours, les concerts, les enregistrements, la notoriété… et toujours le travail - assidu, obstiné - la remise en question permanente et ce souci de l'artisan d'allier la rigueur à l'imagination afin de mieux nous restituer la beauté du matériau sonore.

A l'époque, déjà lointaine, où j'étudiais moi-même intensément le piano, Jean-Philippe Collard faisait partie, avec d'autres (Brendel, Argerich, Pollini, Zimerman…), de ces pianistes dont j'écoutais avec une extrême attention les enregistrements et dont l'interprétation, la musicalité, la délicatesse du toucher et l'intelligence musicale étaient pour moi, comme pour mes camarades du Conservatoire, des références et des modèles à suivre.

En lisant "Chemins de Musique", j'ai retrouvé avec bonheur toute la subtilité, la profondeur et l'authenticité de ce très grand artiste. Ici, pas de grandiloquence, pas de mises en scène égotiques et vaniteuses… juste, avec parfois beaucoup d'humour et une pincée d'autodérision, les souvenirs et les réflexions musicales d'un grand interprète qui ne se vit jamais autrement que comme un serviteur fervent du piano, de la musique et des grandes pièces du répertoire et qui laisse lui-même à la postérité nombre d'enregistrements qui font autorité (Rachmaninov, Fauré, Ravel, Granados…)

Un très beau livre, superbement écrit (on y découvre ici un musicien qui manie presque aussi bien la plume que les notes) qui m'a passionnée de bout en bout et beaucoup émue, comme on peut l'être, tout à coup, en retrouvant un vieil ami. Un grand merci à Babelio, aux éditions Alma nuvis… et à Jean-Philippe Collard pour cette belle lecture - qui n'est d'ailleurs pas réservée aux seuls musiciens et pianistes mais devrait intéresser un plus large public, ne serait-ce que pour la qualité de l'écriture et du parcours humain qui s'y trouve raconté.
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