Tortueuses, sombres, pénibles… telles sont les colonies vues par
Joseph Conrad. On peut en dire de même de son style, caractérisé par une sorte de transe orale : un air de Céline, avant Céline.
La particularité de ce roman en fait sa force et sa faiblesse. La plume est maniée habillement : le but de Conrad étant de nous perdre, comme se perdraient les colons dans la jungle. Alors, au delà de l'histoire, la globalité nous malmène l'esprit.
On passe sans transitions, d'un poste à une rivière, de réflexions sur le cannibalisme à une attaque aux flèches empoisonnées…
C'est une lecture éprouvante, caractérisée par la noirceur ; je pense qu'il faut l'appréhender de façon globale - éviter de lire mots à mots - ainsi, nous rentrons dans le jeu de la traduction intellectuelle d'un voyage dans la brousse hostile.
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