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Critique de MartinEden87


« Au coeur des ténèbres », plonge le lecteur aux côtés du jeune capitaine Marlow, qui, pour le compte d'une compagnie belge, va remonter un fleuve d'Afrique subsaharienne, à la recherche de Kurtz. Ce dernier, directeur d'un comptoir au fin fond de la jungle et grand collecteur d'ivoire, n'a pas donné signe de vie depuis des mois. Marlow va découvrir au cours de cette remontée du fleuve, s'apparentant à une descente aux enfers, que Kurtz s'est mué en tyran sanguinaire et est l'objet de l'idolâtrie d'une tribu locale. Un voyage dans les ténèbres dont le voile de mystère ne fait qu'épaissir au cours de la lecture.

Il est bien difficile de rendre compte, après une première lecture, de toutes les facettes de cette courte nouvelle de Joseph Conrad. La chose la plus évidente est cette critique qu'il fait de la colonisation. Cette dernière est rendue possible, très probablement, par le fait que l'auteur, bien qu'écrivant en langue anglaise, est né ukrainien. de fait, il a une plus grande marge de manoeuvre pour critiquer l'impérialisme et l'exploitation qui est faite de l'Afrique.

Mais là où la nouvelle prend une tournure intéressante, c'est dans la manière dont elle est écrite. La temporalité n'est jamais clairement définie, donnant un aspect flou et onirique au récit. Les descriptions très sensorielles de la jungle, les indigènes décrit comme des masses sombres ou cachés dans un halo brumeux. Tout n'est qu'invitation au mystère. Aussi, le champ lexical utilisé renvoie, systématiquement, à l'idée d'enfer ou de ténèbres. Des allusions à l'Enfer de Dante, mais aussi à celui de la mythologie grecque. Comme ces trois secrétaires de la compagnie, au début du récit, comparées aux fameuses Moires. L'auteur de par ces nombreuses métaphores impose, dès le départ, une vision pessimiste du monde. Aussi, pour un récit de voyage, il y a peu d'impressions de mouvement. le voyage étant davantage intérieur, comme dans une forme d'introspection.

Difficile de conclure sans mentionner l'adaptation cinématographique de la nouvelle de Conrad par Francis Ford Coppola avec son fameux « Apocalypse Now ». Cette dernière étant, d'ailleurs, davantage une interprétation et transposition de la nouvelle dans un contexte précis (la guerre du Vietnam) qu'une adaptation fidèle au matériau d'origine.
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