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Critique de lilianelafond


1. Ce livre résulte des cours d'introduction à l'histoire africaine donnés pendant une vingtaine d'années par l'auteure à l'université Paris 7 puis à la State University de New York. S'interrogeant sur les raisons pour lesquelles l'histoire de l'Afrique est aujourd'hui (et depuis longtemps) si méconnue, marginalisée et même rejetée, elle souligne que l'Afrique a la plus vieille histoire du monde, que celle-ci n'a pas été « découverte » par les Européens, et qu'elle devrait mieux être prise en compte dans l'histoire du monde.

2. Catherine Coquery-Vidrovitch observe qu'on met souvent l'accent sur l'histoire coloniale, mais souligne que celle-ci, sauf en Algérie et en Afrique du Sud, a duré moins d'un siècle, et parfois beaucoup moins. Envisageant l'histoire de l'Afrique sur le long terme, elle souligne à quel point la période de colonisation a été brève, et la période des indépendances plus brève encore.

3. Reprenant les thèses d'une grande figure du courant de la « nouvelle histoire africaine », Cheikh Anta Diop, elle montre que l'histoire de l'Afrique commence en fait avec l'Égypte ancienne. En effet, les Occidentaux ont souvent occulté le fait que l'Égypte se situe en Afrique. Elle souligne que la diffusion culturelle entre l'Égypte et l'Afrique subsaharienne a été bien plus importante qu'on l'a longtemps cru. Par exemple, selon certaines hypothèses, le wolof, langue parlée au Sénégal, aurait des origines hiéroglyphiques.

4. Dressant un panorama de l'histoire de l'Afrique, elle rappelle qu'avant la colonisation ont existé en Afrique de nombreuses formations politiques, de la plus petite (chefferies) à la plus grande (empires). Entre le xvie et le xviiie siècle, de solides formations politiques se sont développées au coeur de l'Afrique centrale, donnant lieu à des empires appelés Luba et Lunda. Au xixe siècle, de grands conquérants africains se sont illustrés, comme Ousmane da Fodio et El-Hadj Omar. Elle met également l'accent sur le rôle essentiel des femmes. Elle montre par ailleurs que les sociétés africaines ont été aussi inégalitaires que les autres, et elle décrit les systèmes d'esclavage internes à l'Afrique qui ont longtemps fonctionné.

5. Elle souligne que la population a brutalement chuté au temps de la conquête coloniale, entre 1880 et 1920 ; les grandes épidémies ont fait des ravages dans ce continent alors largement insalubre.

6. Évoquant le génocide rwandais de 1994, elle insiste sur le fait qu'il est faux de parler de guerres « ethniques » ; on a affaire plutôt à « des guerres modernes de lutte pour le pouvoir et la terre, s'appuyant sur des revendications identitaires reconstruites et manipulées. » Elle démonte le regard eurocentré qui domine bien souvent dans les analyses portées sur l'Afrique.

7. En conclusion, l'auteur, qui pose la question de savoir pourquoi ce continent, doté de richesses humaines et de ressources minérales exceptionnelles, a connu un développement tardif, appelle l'Afrique à réussir à devenir le groupe politique de pression internationale dont rêvaient Kwame Nkrumah et les autres leaders panafricains.

8. Ce petit livre, qui se lit très aisément, offre une vision synthétique de l'histoire de l'Afrique. Loin de verser dans l'érudition, l'auteur se concentre sur des faits et des idées essentiels, pose des questions pertinentes et apporte des points de vue éclairants.
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