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Critique de Bastien_P


Une fresque sombre, où le beau confine à la folie.

– Qu'est-ce qu'il est long ce bouquin !
– Oui, mais diablement bien écrit.
– Je m'y suis un peu ennuyé.
– Moi, son style m'a emporté.
– Et ces scènes perverses, malsaines…
– Parfaitement d'accord, un régal. Bon, on coupe la poire en deux ?
– Adjugé !

Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas été aussi partagé quant à une lecture. Souvent, soit j'adore, soit je ne franchis pas le premier quart. Ici, les premières phrases, bien qu'alambiquées, m'ont immédiatement fait comprendre la richesse que ce livre recèle. Malgré sa longueur donc, je savais pertinemment que j'irai au bout.

L'écriture est tellement aboutie (complexe diront certains) qu'elle compense les quelques faiblesses de l'ensemble. C'est vrai, l'auteure s'emporte parfois dans l'emphase et la rhétorique, mais du moment que j'arrive à la fin d'une phrase sans en perdre l'idée directrice, ça ne me gêne pas outre-mesure. Sérieusement, Samantha Cortenbach possède un vrai style, élevé à grand renfort de classicisme et aux accents de bourgeoisie, mais sincèrement pénétrant. le second degré et l'ironie sont omniprésents, de par les esprits acerbes et désillusionnés d'Andrea et Abel, ce qui permet d'ajouter une petite dose d'humour bienvenue dans cet entrelacs de noirceur.

Le château des brasseurs d'air porte bien son nom. Oui, les personnages brodent, s'égarent en palabres et considérations idéologiques, mais à la manière d'une virtuose du crochet, l'auteure sait nous les rendre très attachants. On y trouve de la douceur et même de l'amour, du désespoir ainsi qu'une colère sans bornes, et surtout, un vice partiellement dissimulé, mais qui ne trompe pas le lecteur. Une quantité d'émotions et de sentiments qui ajoute encore au pouvoir hypnotique des Pantins. On les suit, où qu'ils aillent ; on n'aime pas ça, mais on espère, jusqu'au bout.
Malgré quelques raccourcis, le tout est millimétré, pensé et tissé (encore) pour nous faire vivre l'aventure de l'intérieur, nous projeter dans l'âme et l'esprit malade des protagonistes. Brrr…

Si ce premier volume démarre comme un véritable thriller, avec un rythme plutôt soutenu , le presque huis-clos qui suit nous fait freiner des quatre fers. Bon, OK, des deux fers, parce qu'il y a toujours un petit quelque chose pour nous tirer vers le chapitre suivant, ou nous éloigner des trucs dégoûtant que l'on vient de parcourir.
Il y a un petit côté fantastique là-dedans qui ne fut pas pour me déplaire, et l'auteure s'appuie à merveille sur les divagations et débordements de ses personnages pour dresser quelques critiques morales ou sociales. Une belle réussite de ce point de vue !
J'aurais aimé davantage de connexions entre cette première partie plus épique et le reste de l'histoire, au château, entre le Masque de Minuit et le personnage d'Abel adolescent. J'imagine aisément que le second volume complétera parfaitement tout ça, mais l'équilibre de celui-ci en souffre un chouïa. En même temps, l'équilibre (mental) est-il vraiment au coeur des préoccupation de l'auteure ?

Si vous aimez la langue française dans toute sa richesse et les ambiances noires, pour ne pas dire sanglantes, foncez !
Lien : https://editionslintemporel...
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