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Critique de MicheleP


Alger embrasée par la guerre d'Indépendance, dix années, de 1952 à 1962 vécues par une Huronne, une gamine puis une adolescente, « juste une petite Espagnole qui avait été posée dans cette ville par décision de ses parents », et qui décrit ses années d'école, ses années d'installation dans une ville inconnue qu'elle apprend à aimer, ses années de déracinement puis d'enracinement… Extérieures aux luttes qui s'esquissent puis s'intensifient, « ni Pieds-Noirs, ni Arabes » sa famille et elle ne sont que « de simples émigrés espagnols ayant échappé à un régime politique hostile » c'est-à-dire, pour le père, maçon, les prisons de Franco. Alors, cette petite fille qui naguère, parlant à peine français, s'asseyait sous un platane pour y trouver des bananes (en espagnol, « platano » veut dire « bananier ») continue son apprentissage d'une nouvelle langue, d'une nouvelle culture, d'un nouveau pays qui n'est pas la France et qui lui semble très doux à vivre. C'est l'époque des amitiés passionnées, des premières déceptions amoureuses, le temps d'apprendre à vivre, pendant que ses parents, travailleurs acharnés, trouvent leur place dans ce nouveau pays.
Pendant ce temps, la fin de ce monde se profile, avec les sinistres « événements », les discours de de Gaulle, les attentats cruels d'Alger, mais la gamine traverse tout cela assez uniment, sans y comprendre rien.
Puis arrive la fin, « ce brutal et inattendu maelström qui déracinait un peuple », quand quotidiennement, dans le passage souterrain qui relie le Boulevard Saint-Saëns au tunnel des Facultés, elle croise des draps blancs qui dissimulent des gisants assassinés par l'une ou l'autre des factions urbaines. Quand ses parents décident de repartir en Espagne. Encore étonnamment indifférente, elle comprend, par ce choix de ses parents, qu'il lui faut maintenant partir. Son monde se désagrège.
Mais elle est toujours extérieure à ce drame : elle reviendra, elle l'étrangère.
Un émouvant témoignage.
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