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Critique de ExtraVagance


"Quelque chose nous dépassait. Nous délaissons les sommets et les plaines, nous nous moquons des visions en étages. nous prenons l'ensemble dans un même regard."

Il y a des lectures dont il est difficile de parler, parce qu'on n'a pas tout compris, parce qu'elles laissent un gout indéfinissable, parce qu'on ne sait pas trop quoi en penser. Je ne savais pas dans quoi je mettais les pieds, mais j'y suis allée pleine de bonne volonté et prête à prendre le taureau par les cornes.

"On pense qu'on va parler des évènements qui firent une vie, mais ce n'est pas exact."

Helen rentre chez son père adoptif, Quentin Wilner B., qu'elle a quitté des années plus tôt sans donner de nouvelles. Elle y revient pour chercher des réponses. Elle en trouvera mais pas aux questions qu'elle se posait. Quentin lui confie une enveloppe et une adresse à Hambourg. Là elle devait en apprendre plus sur Eugen, le fils de Quentin, mathématicien accusé d'usurpation qui s'est suicidé dans les montagnes, non loin de là où Quentin la trouva, bébé, des jours plus tard.

Ceci est une sorte de fil conducteur, un fil de plomb autour duquel on a construit un récit, éclaté, déviant, en plusieurs morceaux. L'histoire d'Eugen rejoint celle d'Helen et celle de Quentin, avec ses voyages, ses carnets, ses livres, ses folies, ses amours désastres et sa lente dissolution. On n'est pas habitué, comme lecteurs, à ce brouillage, à cette rupture dans le récit vers l'onirisme, où les montagnes se font houleuses et bleues comme la mer mais où il demeure le même désir de destruction. L'auteur invoque un monstre marin qui avale les vies et les broie. Il y a les mots incapables de raconter. le récit n'est pas celui ordonné de la fiction. le réel se mêle et se confond au rêve et à l'inconscient dans un mouvement de spirale qui révèle et cache tour à tour et ramène toujours vers le centre, la quête de soi-même.

Le fils de Judith est un livre exigeant à ne pas mettre entre toutes les mains. Lecteurs aguerris, laissez vous surprendre par ses sinuosités, laissez-vous porter par son langage poétique, laissez les mots prendre corps et vous dissoudre. Quelque chose m'échappe, sans aucun doute, mais rien n'empêche d'apprécier la beauté de cette fuite.
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