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Critique de Kevinaaaa


Le Caire, la cité d'al Qahira et sa "multitude humaine" et Ossama, jeune voleur doté d'un sens du monde assez fascinant, puis Safira, jeune fille perdue et qui ne fera qu'une brève apparition. Puis Atef Suleyman, promoteur véreux, et plat principal de l'ouvrage, qui va perdre, une missive très compromettante, de la part de son frère, à l'aura pourtant honnête s'il en est dans ce monde infâme ! Puis le vieux Moaz, son père, qui refuse de quitter ce taudis où il semble couler des jours heureux malgré sa cécité, auprès de Zakiya, jeune femme de ménage imposante mais rapidement effacée elle aussi. On rencontre ensuite Nimr, maitre des voleurs, maitre et sauveur d'Ossama à une époque. Nimr qui nous conduira au révolutionnaire tranquille vivant à la cité des morts, dans un mausolée, seul bien qui n'a pu lui être enlevé : Karamallah.
C'est lui qui va nous conduire à la découverte progressive et oh combien délectable de l'infamie, sous toutes ses formes et ses couleurs dans cette Egypte corrompue.

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Les premiers mots du texte nous font entrer de suite dans la prose très travaillée de cet auteur ...
Je vous laisse seul juge !!

" La multitude humaine qui déambulait au rythme nonchalant d'une flânerie estivale sur les trottoirs défoncés de la cité millénaire d'al Qahira, semblait s'accommoder avec sérénité, et même un certain cynisme, de la dégradation incessante et irréversible de l'environnement. On eût dit que tous ces promeneurs stoïques sous l'avalanche incandescente d'un soleil en fusion entretenaient dans leur errance infatigable une bienveillante complicité avec l'ennemi invisible qui sapait les fondements et les structures d'une capitale jadis resplendissante."

Bon, d'accord, lu, cela semble un peu aride ! Mais il faut aller plus loin que cela et se régaler de cette écriture si riche, tant pour la construction des phrases que pour la richesse d'un vocabulaire trop peu utilisé et tellement beau !

En plus de l'aspect engagé très intéressant que cette lecture présente, cela permet de lire enfin quelque chose de super bien écrit, et ça fait plaisir !

Pour le côté engagé (et la prose cynique à souhait de Cossery, dénonçant l'infamie du monde) :
"L'effondrement prématuré de sa dernière production s'était révélé d'un modernisme particulièrement faste, car parmi les gravats et la poussière gisait les cadavres d'une cinquantaine d'humains arrivés au bout de leur médiocre existence sans le moindre préavis. Bien que peu enclin aux superstitions, Suleyman n'oubliait jamais, en élaborant ses devis défiant toute concurrence, l'intrusion de la fatalité. Cette catastrophe désastreuse pour sa réputation l'avait intrigué par sa soudaineté. de quel genre était donc cette fatalité qui se comportait avec une telle précipitation sans se soucier des ravages occasionnés par son intempestive maladresse ? Ne pouvait-elle attendre une durée convenable avant de s'attaquer perfidement à un immeuble aux peintures encore fraiches, inauguré par un ministre il y a à peine trois mois ?"

Pour toucher de près à cette infamie annoncée dans le titre :
"Il était suffoqué d'admiration pour le cynisme inventif de l'homme à l'immeuble foudroyé. Cette trouvaille d'un séisme sélectif prenant son immeuble pour cible méritait d'être noté comme un progrès décisif dans la longue histoire de l'abjection humaine ... ce festin de l'esprit"
"Sa jeunesse enflammée l'incitait à ne plus retarder ce moment et il se demandait si Karamallah avait assez appris de ce dignitaire d'un ordre scélérat, ou bien s'il voulait se repaitre de toutes les couleurs de l'infamie"

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