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Critique de Dombrow01


Il suffit d'un regard sur l'actualité pour comprendre que Poutine est un être amoral pour qui la brutalité est le seul moyen d'expression valable. le livre noir va plus loin, il nous montre comment cet obscur colonel du KGB devenu président du plus vaste pays du monde, s'y est pris pour arriver au pouvoir et comment son programme d'agression et de répression était écrit à l'avance. Car Poutine n'est pas un imbécile, tout son programme était calculé dès le début. Les discours haineux proférés à l'égard de ses ennemis réels ou supposés préparent l'opinion russe aux actions violentes qui vont suivre.
Comme beaucoup de Russes, Poutine est un "homo sovieticus", nostalgique de l'époque où l'URSS était une superpuissance, alors que la Russie d'aujourd'hui n'est qu'un pays dont l'importance tient d'abord à sa capacité de nuisance (qu'il ne faut pas sous-estimer). Son ambition est clairement de reconstruire une sphère d'influence soviétique autour de la Russie, l'Ukraine en est l'élément le plus visible mais ce n'est pas le seul.
Si on parle de l'Ukraine aujourd'hui, il ne faut pas oublier que c'est la 4ème fois que Poutine engage son pays dans la guerre. A chaque fois il invente une "provocation" pour justifier ses actions. Il y a eu d'abord la Tchétchénie, immédiatement à son arrivée au pouvoir, où il est allé rétablir l'ordre suite à quelques actions téléguidées par ses amis du KGB. La bataille de 80.000 soldats russes contre 4.000 combattants tchétchènes a tourné au massacre et personne n'a jamais su le bilan humain de ce conflit.
En 2008 il y a eu la Géorgie, où le KGB a semé la zizanie dans deux provinces séparatistes jusqu'à ce que les forces géorgiennes interviennent, et là les chars russes ont traversé la frontière "pour protéger les russophones" bien sûr. Les 2 provinces en question vivent sous administration russe depuis ce jour.
Ensuite ce fût la Syrie, où Poutine est allé aider son ami Bachar El-Assad, grand humaniste lui aussi, menacé de tous côtés par Daech, les Kurdes et quelques démocrates. Cette fois-ci la Russie n'intervenait pas pour des raisons territoriales, une des raisons clairement revendiquée était de tester son armée (et son arsenal) en conditions réelles. Et tant pis pour les Syriens.
Puis l'Ukraine bien sûr. D'abord un conflit larvé dans le Dombass depuis 2014, avec interdiction aux rebelles de remporter une victoire décisive puisque le but était de montrer que l'Ukraine était un gigantesque bazar depuis que les pro-démocratie étaient au pouvoir (lire "Le Mage du Kremlin"). Et puis l'invasion en 2022 avec la suite que l'on connait, et un conflit qui risque de durer sans que l'on ait la moindre idée de la manière de l'arrêter car Poutine ne reconnaitra jamais qu'il a eu tort.
Pour être complet on pourrait ajouter la Moldavie, dont la partie est (Transnistrie) est occupée par les Russes. Au moins ça s'est fait sans combat, mais c'est un pion de plus poussé par Poutine dans un pays étranger.

Comment en est-on arrivé là ? D'abord en réécrivant l'histoire. Dans Régiment Immortel, l'auteur écrit : "Le génie de Poutine a été d'utiliser la victoire contre le nazisme pour rendre aux Russes la fierté de leur passé soviétique, en occultant ses côtés sombres." A bien regarder, la victoire lors de la 2nde guerre mondiale est (avec le vol de Gagarine dans l'espace), le seul succès de l'URSS qui par ailleurs, a surtout connu des humiliations. Et alors que l'Allemagne a dû reconnaître les horreurs du nazisme suite à sa défaite, l'URSS n'a jamais eu à répondre des massacres commis tout au long de l'époque communiste. Une bonne refonte des manuels scolaires pour cacher les vérités qui dérangent, une militarisation à outrance de la société (La population de la Russie en 2022 est la moitié de ce qu'était la population soviétique en 1991, mais le nombre d'hommes sous les drapeaux est le même). Ajoutez à ceci un système mafieux qui a rendu milliardaires les oligarques amis du pouvoir, la suppression de toute presse libre, des ONG, des méthodes mafieuses, et la population russe n'a plus qu'à suivre. Au fur et à mesure des pages on note combien d'amis, politiques ou oligarches, ont été victimes d'accidents de toute sorte, d'empoisonnements, voire même d'assassinats purement et simplement. Il n'est pas conseillé de se fâcher avec le maitre du Kremlin. (Pour Prigojine c'est différent, il jouait avec une grenade dans son avion).

Tout le discours sur les "nazis ukrainiens" tend à rappeler à l'opinion publique russe la "Grande guerre patriotique" conclue par une victoire en 1945. Parce que s'il fallait chercher le pire nazi du 21ème siècle, comment ne pas penser à celui qui règne à Moscou et porte le nom de l'infâme plat national québécois.

Au passif de ce livre, quelques redites dues au fait que les multiples auteurs abordent parfois des sujets proches. A noter également que le livre est parfois assez ardu, et cite beaucoup de noms connus des seuls spécialistes de la Russie. C'est le revers de la médaille pour un ouvrage extrêmement complet et précis.
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