« La mort, cette empêcheuse de tourner en rond, est le fil rouge qui sinue d'un récit à l'autre pour nous rappeler que nous sommes sur terre en location de courte durée et qu'il suffit parfois d'un événement anodin pour que le bail soit annulé... »
Ce petit recueil (ne) compte (que) six nouvelles (malheureusement), insolites et pittoresques à souhait, qui comme relevé dans la citation d'ouverture, sont donc reliées par un sujet commun, relativement délicat s'il en est : la mort.
D'où, première originalité notable ; des protagonistes d'un âge certain - c'est certain! - , pour ne pas dire carrément vieux. Mais attention, ne vous y trompez pas : veillesse ne rime pas systématiquement avec sagesse, sénilité ou ennui. Que du contraire...
Le style pétillant de l'auteure canadienne crée un contraste atypique avec ses écrits et ce à quoi l'on pourrait s'attendre de prime abord ; c'est distractif, à la fois tristounet et pourtant drôlatique, funeste et "vivant"... On se retouverait presque la larme à l'oeil, sans nécessairment différencier si c'est de peine ou de joie.
Ce qui est certain en revanche, c'est qu'une pléiade de sentiments vous submerge dès le tout premier texte.
Je découvre avec beaucoup de plaisir une plume fine et enjouée, décrivant d'autant mieux un thème peut-être pas toujours très apprécié, voire tabou, difficilement abordable - et pour cause...
Ceci étant, les petites scénettes, souvent sarcastiques, que nous décrit ici Edith Couture Saint-André font malgré tout cela sourire, en coin ou franchement - même les moins "gaies" - , tant par leurs côtés burlesques que par l'indéniable tendresse qui s'en dégage.
J'ajouterai d'ailleurs qu'elles sont aussi empruntes d'énormément d'Amour, d'une inévitable dose d'humour (noir évidemment ^^) et de quelques pincées d'authenticité, pour parfaire l'ensemble.
Un excellent moment de lecture et 5 étoiles bien méritées en ce qui me concerne - Vouloir faire rire en parlant de la mort : tentative mainte fois abordée déjà, et pas forcément gagnée d'avance.
Néanmoins, l'écrivaine y pourvoit avec talent et le résultat est au final plutôt bluffant.
En bref, je ne peux que sincèrement conseiller ce sympathique condensé de "vie" - enfin, de mort ^^ - , qui se lit rapidement, d'une seule traite, ou qui se savoure avec modération, ne compulsant qu'une nouvelle de temps en temps - histoire de faire durer le plaisir ! - ; mais ça, c'est à vous de décider...
***
Pour les plus curieux...
Voici les 6 titres, leurs résumés - retranscrits tels quels, moins par fainéantise que par estime ; ces derniers étant amplement tentants à mon goût - , ainsi que la judicieuse citation en laminaire de chacun d'entre-eux :
— À coeur perdu :
Quand on est aussi vieux que Thor, tomber amoureux d'une jeune artiste peintre réserve bien des surprises... pas nécessairement celles qu'on aurait pu imaginer.
« Il faut de tout pour faire un monde. Il me faut de toi pour faire le mien. »
[Anonyme]
— L'homme allongé :
Qui est cet homme et pourquoi est-il allongé par terre chez Marguerite, dominatrice septuagénaire de grand renom ?
« Un homme déshonnoré est pire qu'un homme mort.»
[Miguel de Cervantès]
— Une belle-mère à durée indéterminée :
Quelle tragédie lorsqu'une mère voit son fils unique la délaisser pour une femme trop jeune pour être à la hauteur de ses exigences...
« La belle-mère et la bru dans la même maison sont comme deux chats dans un sac. »
[Proverbe Yiddish]
— Roméo en Juillet :
Un croque-mort qui prend son travail au sérieux a-t-il le droit de tomber éperdument amoureux d'une Valentine légère et volage ?
« Vos lèvres scelleront d'un baiser notre éternel pacte avec le sépulcre. »
[William Shakespeare - Roméo et Juliette]
— Une tête en trop :
Lorsqu'on a vingt ans, perdre la tête par amour est, somme toute, une occurrence assez courante et on arrive à s'en remettre assez facilement. Mais quand on a soixante-dix ans ?
« Celui qui n'a jamais perdu de tête n'avait pas de tête à perdre. »
[Napoléon]
— Un hématome sur l'épaule :
Le golf est un sport d'une grande violence, qui l'eut cru ?
« Apprendre à jouer au golf, c'est comme apprendre le violon : ce n'est pas seulement difficile, c'est aussi très désagréable pour votre entourage. »
[Hal Linden]
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