Little Girl Blue

C'est par une froide nuit d'hiver que la fillette fut découverte à Central Park. En voyant le corps dénudé et bleui par le froid de la jeune victime, le lieutenant Julia Brennan ne put s'empêcher de penser à une chanson intitulée ‘little girl blue'. Comme elle exprimait cette pensée à voix haute, un journaliste reprit l'expression et c'est ainsi que la presse nomma la morte. Une autre pensée se mit tarauder Julia : la jeune victime avait sans doute le même âge que Corrie, sa propre fille, que ses fonctions dans la police obligeait à laisser trop souvent livrée à elle-même. A la tête de son équipe d'enquêteurs, Julia prend cette affaire à bras-le-corps, bien décidée à retrouver les responsables de cette mort. Sur les conseils du procureur, elle entre en contact avec un policier infiltré dans le milieu pédophile de New-York, Peter Foley, lui-même hanté par la disparition de sa fille et le suicide de sa femme. Alors que de maigres résultats commencent à être engrangés, les policiers se rendent compte que quelqu'un d'autre semble déterminé à faire le nettoyage par le vide parmi les pédophiles new-yorkais. Les cadavres commencent à s'accumuler, la presse s'interroge sur ce mystérieux tueur en série et la hiérarchie de Julia ne cesse de mettre ses capacités à mener cette enquête en doute.
La police n'est sans doute pas un corps de métier de tout repos pour une femme, encore moins lorsque celle-ci compte quelques galons et qu'elle a encore beaucoup d'ambition. le machisme que doit supporter Julia prend le plus souvent la forme de remises en question perpétuelles de ses capacités. Constamment sous pression, elle ira jusqu'à emprunter des voies peu régulières pour engranger des résultats. S'il lui faut bousculer quelques pédophiles pour coincer les responsables d'un réseau et -peut-être- libérer d'autres jeunes victimes, Julia n'hésitera pas. Comme un homme finalement.
Très attachant, le personnage de Brennan rappelle celui de l'enquêtrice principale de la série télé ‘The Closer' : culottée, têtue, courageuse et tentant vaille que vaille de masquer ses quelques faiblesses face à ses collègues masculins. Une intrigue à priori glauque de par son sujet principal, mais traitée avec humanité, sans effet de voyeurisme et qui évite la justice expéditive. Un bon roman noir américain et qui trouve sa juste place dans cette collection.