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Critique de isabellelemest


Un très belle surprise, un roman subtil et raffiné, en plus de l'hommage à Virginia Woolf et à son œuvre, voilà l'impression que laisse la lecture de The Hours, un ouvrage primé notamment par le Pulitzer, puis porté avec succès à l'écran.

Dans l'espace d'une journée, le roman suit trois femmes vivant à trois époques différentes ; à la fin des années 90, une quinquagénaire new-yorkaise, Clarissa, en train de préparer une réception en l'honneur de son ami et ancien amant Richard qui a reçu un prix de poésie, mais se meurt du sida, Virginia Woolf elle-même en 1923, le jour où elle commence à rédiger "Mrs Dalloway" (dont le titre original était The Hours), et une jeune mère de famille californienne, Laura Brown, férue de lecture et sans doute insatisfaite, le jour de l'anniversaire de son mari, préparant un gâteau sous le regard empli d'amour et de dévotion de son petit garçon de trois ans, en 1949.

Pour ces trois femmes nous suivons leur flux de conscience et les états d'âmes, observations, perceptions et pensées qui traversent leur sensibilité, et toutes trois sont reliées au roman de V. Woolf, soit par leur surnom (Clarissa a été surnommée Mrs Dalloway par Richard à dix-huit ans), soit par sa lecture (Laura), soit par son écriture (Virginia). Des correspondances subtiles ou discrètes relient le vécu de chacune d'elle ou d'eux, comme les hallucinations communes à Virginia et à Richard, l'hésitation entre deux sexualités, à travers le baiser sensuel donné par Laura à une voisine dans la détresse, ou celui peu chaste de Virginia à sa sœur, et bien sûr l'homosexualité tranquille de la bobo qu'est Clarissa vivant en couple avec son amie Sally. Même si Clarissa est une lesbienne bourgeoise rangée, le doute l'effleure car elle a aimé passionnément Richard et sait qu'ils auraient pu vivre un autre amour total ensemble, avant que ce dernier ne choisisse des partenaires masculins.
Plus important encore est le thème du suicide, sur lequel s'ouvre le roman avec un prologue mettant en scène celui de Virginia Woolf, et une tentation qui va hanter les divers protagonistes. Pourquoi continuer à vivre ? Pourquoi ne pas fuir des souffrances mentales et physiques de plus en plus insupportables ? Pourquoi accepter que d'autres heures, plus banales ou douloureuses, suivent celles miraculeusement parfaites que l'on vient de vivre ?
Cette hésitation au bord du néant, de son apaisement et de sa douceur, cette tentation du vide, malgré les amours et les liens avec la vie, retentit comme un leit-motiv, un écho dominant dans le roman.

Au total un très beau livre, des considérations sur l'art et son rapport avec une possible immortalité à la question existentielle du pourquoi de nos choix, de nos vies mesquines ou éloignées d'une perfection rêvée, à laquelle seule peut être la littérature apporterait une réponse.

Lu en V.O. pour apprécier la très belle écriture, recherchée, nuancée, parfois lyrique, de M. Cunnignham
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