AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lucilou


C'est un roman singulier, sans soleil ni couleurs: n'y cherchez pas l'Italie sensuelle et torride de "Call me by your name" ou celle, plus implacable, de "L'Amie Prodigieuse".

Un roman, un texte en forme de chant funèbre. de psalmodie mortifère.
Un roman, une intrigue aux vapeurs de soufre, empoisonné. Un roman qui ressemble au lac au centre de Roccachiara: sombre, noir, nimbé de mystères. Presque malsain.
Envoutant et addictif.

"Acquanera", c'est le récit de la vie d'une famille uniquement composée de femmes, presque des sorcières et de leurs secrets.
Il y a Elsa, la grand-mère, dont les visions sont prédictions et quand elles s'invitent dans ses rêves en même temps que l'eau du lac, c'est pour dire la mort prochaine et dont les potions guérissent comme elles pourraient tuer.
Il y a Onda, la mère, froide comme l'eau de ce même lac, sauvage comme les bois alentours et dure comme la roche, qui voit les morts.
Il y a enfin Fortuna, la petite-fille, à qui ce nom a été donné pour tromper la malédiction, insignifiante et presque invisible.

Elles évoluent tant bien que mal -et souvent plus mal que bien- dans une petite ville humide et sans lumière, banale et presque misérable, rejetées le jour de tous ceux qui pourtant à la nuit tombée viennent quérir les talents de guérisseuse d'Elsa ou ceux de médium d'Onda.
On étouffe à Roccachiara, il n'y a pas d'horizon et encore moins de perspectives. Les gens se connaissent depuis toujours, se marient entre eux, ils murmurent, ils chuchotent, ils parlent, ils grincent mais pour ce qui est d'aimer...
Fortuna étouffe et à la disparition de sa meilleure amie, la belle fille qui errait entre les tombes et bichonnait les morts, elle fuit pour revenir dix ans plus tard, à la faveur de la découverte d'ossements dans les bois qui pourraient bien être ceux de Luce.
Tenter de percer le mystère de cette disparition, c'est aussi pour la jeune femme l'occasion de se plonger dans son histoire familiale et ses non-dits, pour peut-être au terme du voyage se trouver elle-même.

Il y a quelque chose qui relève du conte dans "Acquanera", dans sa temporalité volontairement brumeuse, dans ses personnages aux frontières du réel, dans ses thèmes.
Mais le conte n'a rien de merveilleux. Il est cruel, âpre, macabre et d'une froideur de pierre tombale, ce qui, étrangement, le rend fascinant, ce qui donne envie d'en savoir toujours plus même si on pressent la violence contenue et les souffrances auxquelles on sera confronté.
Ce qui capture aussi, au moins autant que les eaux froides du lac, c'est la poésie maléfique qui tisse cette étrange histoire et dans laquelle on peut plonger aussi.

L'histoire parfaite pour un 30 octobre en somme.



Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}