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Critique de Yokay


1984. La ville de Sarh, au Tchad. Kandji, écolier de 7 ans, est fasciné par la peinture accrochée dans le salon de sa maison, une scène de village traditionnel avec au premier plan un singe sur un arbre, le même singe que celui que le vieil Absakine promène dans la rue dans une cage. Kandji veut ce singe. La nuit il fait des rêves agités de graphismes et de singes plus ou moins effrayants. Il rêve, tandis les militaires français patrouillent dans les rues dans le cadre du conflit entre le Tchad et la Lybie.
1990. La famille a déménagé à la capitale, N'Djamena, suite à la mutation du père, fonctionnaire. Kandji tente de percer comme artiste en proposant ses « trompe-l'oeil » aux commerçants. Un drame familial va bouleverser sa vie, sans qu'il renonce à son rêve pour autant.
Il y a énormément de tendresse, d'amour, de nostalgie dans ce roman graphique largement autobiographique. le contraste par rapport à la dureté du contexte est d'autant plus remarquable.
Les représentations des décors et paysages sont très précises. On voit bien la ville, son bidonville et ses rares immeubles, les chiens errants, la débrouille, la difficulté d'avoir accès aux informations (une misérable radio qui grésille), la tension générée par la présence de l'armée française, la joie quand la pluie arrive. On a à la fois les contes traditionnels et le contexte politique historique.
Un autre contraste : La couverture est hyper colorée, avec un ciel comme le ciel étoilé de van Gogh, tandis que le contenu est au trait hachuré noir. Les rêves sont faits d'un trait noir plus épais et plus plein. Seules les peintures sont colorées. Et on pressent qu'au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire dans le ou les prochains tomes, la peinture et donc la couleur va prendre de plus en plus de place et d'importance, comme elle en a pris dans la vie d'Adjim Danngar. Certaines pages sont faites de cases qui s'assemblent en une seule grande illustration, comme un puzzle. Il y a souvent des dialogues hors cadre, tandis que le regard est mené sur d'autres scènes. C'est magnifique, très fin, très fluide, très cinématographique, très riche visuellement. Une véritable réussite.
Adjim Danngar maîtrise son art.
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