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Critique de 4bis


La couverture est mate, dans un noir et blanc qui joue en fait des grèges et gris juste réhaussés de la pourpre signature d'Antoinette Pham. le souffle du pinceau, ses pizzicati quand il se fait crêtes, la vague se déploie dans un vent qui la confond : « Déferlante ». C'est déjà un voyage intérieur. C'est déjà sublime.

A l'intérieur, le papier est du même velouté qui absorbe. Les sons, les gestes. Qui caresse les mots et les oeuvres. La maquette est d'une élégance, d'une sobriété, d'une audace simple et forte. Tantôt les poèmes de François David à droite et une oeuvre d'Antoinette Pham ou de Malouine Rousseau à gauche. Tantôt l'inverse. Ou le texte qui embrasse l'oeuvre. Ou autrement encore. Dans un équilibre parfait, surtout s'il ne fait pas de la centralité un horizon. Où le blanc intervient en quatrième auteur.

Malouine Rousseau joue des calligraphies de différentes écritures comme autant de textures. Son travail a des accents orientalisants, elle panache au crayon des bleus et quelques ocres, esquisse les similitudes entre les signes et les roseaux. Et François David d'écrire en regard :
Au soir de la journée / les herbes folles enfin / démaquillées

Trente-huit oeuvres graphiques sans compter celles de la couverture et des rabats. Autant de poèmes souvent courts. Pour convoquer la mer du Cotentin ou des rives plus lointaines. Pour faire advenir « l'imparfaite perfection ». « Il y a toujours un oiseau / parfois ubiquitaire / parfois presque imperceptible / Et quand il semble qu'il n'y en a pas / c'est seulement que l'on n'a pas assez observé / pas assez écouté pas assez attendu / ou que l'on ne s'est pas assez tu »

François David est sans doute le poète contemporain que je préfère. Ses vers ont la simplicité de l'évidence, une touche d'humour parfois aussi. Ils se lisent comme la trace d'un pinceau sur le papier qui la boit. D'un seul geste. On a l'impression qu'ils ne sont rien, ils ne feront jamais trop de bruit. Mais leur imperceptible marque fredonne longtemps sa mélodie ténue.

Malouine Rousseau, Antoinette Pham, François David. Les regards de ces trois-là s'entrelacent, se répondent. Chemins de mots et de traces.
"Et les poètes / et les peintres / modulant modelant / la plaine liquide"

Premier, et seul volume à ce jour, du nouvel éditeur le Voyageur assis (quel programme plaisant à mes yeux particulièrement), ce recueil de dessins et de poèmes est un des plus beaux livres qu'il m'ait été offert de contempler depuis très longtemps. Il est rare, sans doute ne le verrez-vous pas sur les tables des libraires, mais soyez sûrs que si vous le faisiez arriver jusqu'à vous, vous auriez dans les mains un magnifique cadeau.
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