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Critique de Presence


Pierre qui roule...
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Ce tome fait suite à Symbiote Spider-Man King in Black (2021) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il s'agit du quatrième tome réalisé par cette équipe artistique sur le personnage, avec Symbiote Spider-man : Fondu au noir (2019), Symbiote Spider-Man : Etrange réalité (2020). Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Peter David, dessinés par Greg Land, encrés par Jay Leisten, et mis en couleurs par Frank d'Armata. Les couvertures principales ont été réalisées par Land, et les couvertures variantes par Todd Nauck, Ernanda Souza, Mike del Mundo, David Baldeón, Gerald parel, Peach Momoko, Philip Tan.

Dans un bar à New York, Moondark, un supercriminel, se plaint que la compétition est trop dure dans la ville et qu'il va repartir dans sa campagne. Une femme magnifique entre dans l'établissement et lui déclare qu'elle a besoin de ses services : il accepte séance tenante. le président des États-Unis est en visite dans la ville. Il descend de sa limousine et s'apprête à serrer la main de ceux qui l'attendent, à commencer par celle J. Jonah Jameson. Une toile d'araignée vient lui clouer les pieds au sol, et une autre arrête son geste de la main. Spider-Man arrive au bout de sa toile, et Jameson l'accuse immédiatement d'une tentative d'assassinat sur le président. Cela n'arrête pas le superhéros qui lui arrache la tête, ou plutôt son masque, révélant ainsi qu'il s'agit du Caméléon qui s'apprêter à empoisonner tous ceux à qui il allait serrer la main, avec une bague empoisonnée. Mais Caméléon a un atout dans sa manche : si Spider-Man ne le laisse pas partir, il ordonne que le vrai président soit exécuté par ses hommes de main qui le détiennent. le superhéros lui fait observer la tâche rouge qu'il a sur sa chemise : le rayon de visée du Punisher. Caméléon capitule sans condition.

Une fois l'affaire réglée, Peter Parker va vendre ses photographies à Jameson au Daily Buggle. Il récupère rapidement le chèque et se rend de toute urgence sur le toit de l'immeuble voisin, où se trouve Black Cat (Felicia Hardy). Elle lui donne une nouvelle information : un casse au Muséum d'Histoire Naturelle, à neuf heures du soir, dans l'aile dédiée à l'exposition sur les vikings. Spider-Man se préoccupe du fait que l'information soit aussi précise. le soir même, Moondark se trouve dans la salle dite pour récupérer un objet exposé : une sorte de pierre des Nornes. Spider-Man intervient, s'interpose, et neutralise le supercriminel. La police arrive pour le prendre en charge, mais les policiers sont sous l'emprise mentale de Moondark. Spider-Man préfère fuir plutôt que de se battre contre eux et de risquer de les blesser. Moondark en profite pour revenir dans la salle qui l'intéresse et se remettre au travail. Cette fois-ci, c'est Black Cat qui l'arrête. Il la neutralise avec une illusion. Il finit par mettre la main sur la pierre qu'il convoite et… rien ne se passe.

Déjà le quatrième tome de cette série, toujours par la même équipe de créateurs. Au départ, leur idée était de raconter des aventures de Spider-Man dans son costume noir, pendant les périodes où le costume prend le contrôle du corps de Peter, et le manipule comme si c'était le sien. Après une première histoire sur ce principe, le scénariste est revenu à un principe plus simple : de nouvelles histoires de Spider-Man se déroulant à l'époque où il portait le costume noir, et il n'est même plus fait allusion que la nuit c'est le costume qui prend le contrôle. Il reste donc de nouvelles aventures avec un ou deux éléments de continuité de l'époque. Ici, il s'agit du fait que Spider-Man était dans une relation amoureuse avec Black Cat qui ne souhaitait pas le côtoyer quand il était en civil. Les auteurs n'ont comme ambition que de raconter une aventure spectaculaire et un peu originale, sans aucune intention d'ajouter à la continuité, ou d'expliciter des mystères de l'époque. de fait, il n'est nul besoin de connaître la continuité des aventures de Spider-Man dans la deuxième moitié des années 1980. le lecteur comprend bien qu'il se lance dans une aventure sans lendemain, avec des auteurs assez libres de leurs mouvements.

Pour cette quatrième aventure, Peter David a choisi de faire voyager Spider-Man dans des dimensions alternatives, au gré du déplacement de la pierre des Nornes, en passant entre autres par le croisement, ce lieu où Hulk (qui apparaît sur la couverture) avait été banni par Doctor Strange, après l'épisode 300 de sa série écrite par Bill Mantlo et dessinée par Sal Buscema. Doctor Strange est également de la partie, ainsi que Black Cat et encore deux autres superhéros, sans oublier Black Talon (Samuel Barone), un personnage créé par Gerry Conway, Steve Englehart et John Buscema dans le numéro 152 de la série Avengers paru en 1976. le lecteur ressent que le scénariste se fait plaisir en intégrant des personnages au gré de sa fantaisie, sans raison organique par rapport à l'intrigue. Il ne faut pas prendre ces apparitions au sérieux, ni l'intrigue trop au sérieux non plus. La pierre des Nornes est un objet convoité par une reine en particulier, issue de la mythologie de Thor version Marvel. David se sert des pouvoirs erratiques de la pierre pour balader son héros à sa guise, et le transformer quand il est sous son influence pour donner quelque chose de rigolo à dessiner à Land, la faisant passer à un autre héros pour d'autres déformations. Cette chasse à la pierre installe une dynamique de course-poursuite, avec autant de combats physiques que de rencontres, et tout rentre dans l'ordre à la fin, grâce à l'intervention d'un autre personnage tout puissant. Autant dire que le scénariste assume que sa seule ambition est de divertir, sans développer de thème particulier.

Comme les précédentes, cette histoire sans prétention bénéficie d'une solide équipe pour la narration visuelle. Greg Land dessine dans un registre descriptif et réaliste. Il maintient un bon niveau de détails dans ses cases à l'exception du dernier épisode consacré à un affrontement physique qui se déroule dans une autre dimension, dépourvue d'arrière-plan. D'un autre côté, le metteur en couleurs est de premier ordre. Il utilise une palette de couleurs un peu saturées, ce qui ajoute de la consistance à chaque surface détourée. Il joue sur les nuances d'une même teinte pour des effets d'éclairage, d'ombrage, d'ambiance lumineuse, pour accentuer les reliefs de chaque surface, et intégrer quelques reflets et textures. Les qualités de cette mise en couleurs s'ajoutent à la propension du dessinateur d'arrondir un peu les contours pour les rendre plus doux, et ainsi plus agréables à l'oeil, avec un encrage très peaufiné de Jay Leisten. C'est donc un plaisir visuel immédiat que de lire les planches de cette bande dessinée : jolies, détaillées, pleines de couleurs. La première rappelle également que le lecteur doit accepter de consentir un bon degré de suspension d'incrédulité : difficile sinon de pouvoir accepter ou croire un individu dans un costume moulant, avec un loup ridicule sur son visage qui ne cache pas son identité. Mais après tout, c'est cohérent avec un superhéros bondissant partout, dans un costume noir moulant, une femme habillée d'un costume tout aussi moulant avec un tel décolleté que sa poitrine risque d'en jaillir à chaque mouvement trop vif ou trop ample, un individu d'une carrure impossible à la peau verte, sans même parler de Black Talon qui bénéficie grandement du fait que le ridicule ne tue plus.

De fait, Greg Land maîtrise les conventions visuelles des comics de superhéros et se montre un bon conteur. L'amateur du genre prend plaisir à voir Spider-Man et ses mouvements fluides, la beauté de Black Cat et sa façon de se montrer sexy, la masse imposante de Hulk et ses gros poings, les combats bien mis en scène faciles à suivre, les effets magiques colorés. Land, Leisten et d'Armata mettent tout leur art au service de la narration visuelle, sans aucune forme de condescendance, pour le plaisir des yeux du lecteur. du coup, celui-ci ne boude pas le spectacle, même si l'intrigue est linéaire et peu ambitieuse. David la complète avec quelques réparties humoristiques bien senties, des interactions entre personnages qui font ressortir un minimum leur caractère, des rebondissements grâce à des personnages parfois un peu parachutés, mais hauts en couleurs, faciles à reconnaître, ou faciles à comprendre pour ceux qui les découvre.

Quatrième aventure de cette version gratuite de Spider-Man dans son costume noir. le titre a conservé le qualificatif de symbiote, bien que celui-ci ne joue aucun rôle particulier dans le récit. Les quatre créateurs se retrouvent pour une nouvelle aventure spectaculaire, gratuite dans le sens où elle n'apporte rien à la continuité, légère, et divertissante. le lecteur ressent à la fois le plaisir qu'ils y prennent, aucun ne bâclant une planche ou une case, à la fois le caractère détendu d'une telle histoire. Celle-ci baigne dans les conventions propres au récit de superhéros, les utilisant au premier degré avec respect, sans les renouveler en quoi que ce soit. La suite de péripéties est jolie et inventive, et le lecteur sait très bien que tout rentrera dans l'ordre à la fin. Les personnages sont agréables et amusants, sans se montrer condescendants ou inconséquents. Un divertissement très agréable.
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