AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JeanRene43


La mémoire du fleuve de Chritian Dedet est l'histoire de la colonisation du Gabon à travers l'histoire d'une famille sur trois générations. A présent, alors que la colonisation est qualifiée récemment de "crime contre l'humanité" par le Président de la République, certes à propos de l'Algérie, ici on découvre une réalité bien plus complexe. Il s'agit en effet d'utiliser les ressources naturelles de ces immenses territoires de l'Afrique -essentiellement à cette époque le bois de la forêt tropicale -, mais à quel prix ? Les pionniers, à l'époque du Docteur Schweitzer, médecin de brousse dans un dispensaire désigné d'hôpital mais véritablement rudimentaire ou de fortune, et des premiers missionnaires, sont au sens strict des négriers puisqu'ils font travailler les indigènes, peuples de chasseurs, cueilleurs et pour certains d'éleveurs de petits bétails, en vue d'exporter vers la métropole des richesses, essentiellement des bois exotiques. L'espérance de vie de ces pionniers est bien incertaine, victimes des maladies tropicales et autres fléaux : tuberculose, paludisme, lèpre quand ils ne sont pas digérés par un crocodile ou un python si ce n'est par une tribu encore anthropophage. On se situe bien loin d'un crime et encore moins d'un crime contre l'humanité. Ces aventuriers épousent des femmes noires et les enfants métis sont élevée en partie avec les traditions locales et en partie à l'européenne par l'école des missionnaires et finalement prennent la suite en conciliant les héritages, comme c'est le cas de Michonet. L'incertitude du lendemain et l'insécurité permanente sont paradoxalement bien vécues par ces aventuriers. On arrive même à se demander si ce n'est pas là le charme de leur existence : vivre intensément quitte à y perdre la vie. Il est frappant de constater que les fortunes se font et se défont tout aussi rapidement. Qu'importe, une autre aventure se présente, tout aussi risquée mais finalement qui permet à cette population de vivre, c'est à dire de manger, se loger, se déplacer et se soigner. Le terme de la colonisation a été pacifique, résultat d'une consultation électorale, femmes comprises, alors qu'elles n'avaient pas encore le droit de vote en France. La vie a-t-elle été plus simple après l'indépendance ? Je n'en ai pas le sentiment. Un livre qui décrit les existences mieux qu'un livre de la Grande Histoire.
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}