AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Barcarole


Ravine l'Espérance, en périphérie de Port-au-Prince, est un bidonville fait de cases en bouts de bois cloués aux toits de tôle ondulée. le quotidien de la vie de ses habitants est lié à leur survie au jour le jour : comment trouver des sous pour manger. le travail n'est pas facile à trouver, ce sont de menus travaux ingrats, pénibles, payés à la tâche et qui ne remplissent pas l'assiette, comme chercher de la ferraille à travers des détritus pour les revendre, être rabatteurs de clients pour les chauffeurs de minibus, et pour les femmes se faire embaucher comme aide-ménagère pour seulement quelques heures parfois, pour effectuer des travaux difficiles et être considérées comme esclaves pour quelque menue monnaie locale. C'est donc, pour survivre, le système D. Tout est fait de bric et de broc et on accepte ce qui vient.

Parmi ces mille petites choses de la vie de tous les jours règne l'amitié, l'entraide. Et toujours l'espoir. On parle de partir loin, en République dominicaine, rebaptisée la Dominicanie, ou ailleurs comme à Paris, en Floride, ou à Montréal, pour échapper à la misère et s'en sortir mieux qu'ici, en Haïti.

En attendant, on dort où on peut, dans un centre ou dans un bus, ou souvent dehors.
Des parents pauvres confient la garde de leurs enfants à des familles qui vont les élever, contre des tâches domestiques, enfants corvéables à merci qui ne savent pas quand ils reverront leur famille. Ceux qui sont partis ont cru partir pour une vie meilleure, ou bien des enfants ont été placés très tôt à cause du manque d'argent. Une mère revoit son fils, un maître son élève, un enfant sa cousine... Et l'émotion les submerge. Mais quand ont lieu les retrouvailles, c'est un grand événement, cela arrivant des années, voire des dizaines d'années plus tard.

Il y a aussi des bagarres, et des morts, des morts incompréhensibles à cause de la misère. Et des frais d'obsèques qui sont inestimables et nécessitent d'être rassemblés grâce à la solidarité.
L'espoir est là, toujours là, et les projets d'éducation sont présents à l'esprit, qu'ils soient rêve ou réalité.

Il y a de l'espoir aussi dans des projets de réhabilitation qui seront anéantis le 12 janvier, ou des projets éducatifs pour que les enfants apprennent à lire et à écrire. Les jeunes sont assoiffés de savoir. Une ONG permet aux enfants de découvrir les livres et de les aimer et leur montre d'autres possibles.

Il y a aussi du désespoir, des relations qui se nouent et qui se dénouent, une relation qui ne se concrétise pas… Pire, l'abus d'un homme abject sur une jeune fille innocente. Elle a perdu ses projets et ses rêves. Il ne reste plus rien...

Et puis, le 12 janvier (2010), la terre a tremblé. Les immeubles se sont effondrés comme des cartes, et les maisons de planches et de tôle se sont émiettées. Les petites cabanes ont glissé dans la ravine. Tout s'est écroulé. On entend des cris, les gens courent dans tous les sens. Il y a des blessés, des personnes ensevelies, des morts. Chacun recherche ses enfants, tout le monde est sidéré devant un tel drame, ils n'en croient pas leurs yeux. Des tonnes de béton qui ensevelissent la foule. Et la fumée des gravats, on n'y voit plus rien, recouverts de poussière, ils ressemblent à des zombis ceux qui courent et qui sont perdus parmi les détritus. C'est comme la guerre. le souffle coupé, la sidération…

Et à nouveau l'espoir, celui de la réparation, de la reconstruction dans tous les sens du terme, des vies qui ont pris d'autres directions, la vie qui reprend le dessus…

J'ai aimé ce livre qui décrit la vie quotidienne de ses habitants dans les bidonvilles d'Haïti, tous aussi attachants les uns que les autres, sauf un, celui qui a été abject, le voleur de rêves.

Et je remercie les éditions Quart-Monde pour l'envoi de ce livre ainsi que l'opération Masse Critique de Babelio.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}