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Critique de Trollibi


Isabelle Brieux est une jeune parisienne divorcée, orpheline d'un père italien qu'elle n'a pas connu et dont elle ne sait rien. Lorsqu'elle reçoit un matin un SMS lui fixant un rendez-vous à Venise, elle pense naïvement qu'il lui a été envoyé par son ex-mari. Ni une, ni deux, elle prend le train pour Venise, en plein période de Carnaval, pour en avoir le coeur net. Sur place, elle se rend compte de son erreur, découvre un cadavre au détour d'un petit canal, se lance sur les traces de son père et se verra embarquée dans une histoire rocambolesque…

J'avais hâte de découvrir « Les ombres de Saint-Marc » : pensez-vous, un roman policier écrit par une française née en Italie, situé à Venise, ça ne pouvait que me parler. Venise et sa région, c'est ma madeleine de Proust à moi, le souvenir d'enfance de vacances estivales avec ma nonna, de promenades automnales aux hasards dans les petites rues vénitiennes, loin des touristes, pour faire découvrir la ville à celui qui deviendrait mon mari et pour la redécouvrir moi aussi. Je m'attendais à goûter l'ambiance de cette ville et de cette région si particulière…

Et là, première déception : les descriptions ne m'ont aucunement transportées vers des lieux connus. Pas assez visuelles, peu détaillées, un peu cliché, elles ne donnent pas à voir. Je me suis dit : « Bon, ce n'est pas grave, passe-là dessus tu es trop exigeante, peut-être que l'intrigue… »

Et là, deuxième déception : diantre que cette intrigue est surchargée de clichés sur la société italienne d'hier et d'aujourd'hui ! On y retrouve pêle-mêle le Sud mafieux avec la mafia calabraise (mais que diable vient-elle faire dans la politique vénitienne ?), le Nord raciste représenté par la Ligue du Nord, des indépendantistes
vénétistes, les Brigades Rouges, les immigrés illégaux rejetés et exploités, les trafics de drogue… Mais pourquoi ? Si Valeria del Bon a voulu donner, sans aucune cohérence temporelle, un condensé de tous les côtés peu reluisants de l'Italie, opposant encore une fois le Nord et le Sud, c'est réussi. Par contre, si elle voulait créer une ambiance, c'est raté… « Qui trop embrasse mal étreint » dit le proverbe et, là, pour moi, c'était beaucoup trop… Y compris sur le jeu des coïncidences : quelques coïncidences bien placées, cela permet de créer de la tension… mais quand les coïncidences se multiplient, l'intrigue devient totalement invraisemblable. L'auteur, par l'intermédiaire de son personnage principal, le dit elle-même : "Elle a parlé d'elle-même, de sa vie qui n'avait rien eu d'exceptionnel jusque là et de ce qui lui était arrivé depuis son arrivée à Venise, si exceptionnel, pour le coup, que si elle avait trouvé une telle fantaisie dans un roman elle aurait jugé l'intrigue pas crédible du tout. » (p.141) Voilà qui est dit… Pas crédible du tout… A un moment, vers le milieu du roman, je me suis dit : « Il ne manquerait plus que l'héroïne et le flic tombent amoureux… » et… **attention SPOILER** BIM !

Quant au style du roman, hormis quelques grosses erreurs grammaticales et lexicales, le style est fluide et le roman se lit rapidement (heureusement !). Par contre, la narration est un peu découse. le découpage des chapitres m'a parfois aussi paru incohérent et haché et, moi qui d'habitude apprécie les passages d'un point de vue à l'autre et les flash back, j'ai été ici un peu déstabilisée. Certains flashback sont identifiés par des indications temporelles, d'autres pas, on ne sait pas d'emblée si on est dans le passé ou dans le présent, on s'y perd… J'ai parfois dû revenir en arrière pour être bien sure du moment où je me trouvais.

Bref… pour moi, avec son roman, Valeria del Bon n'a pas « inventé le fil à couper la polenta », pour reprendre une expression utilisée par l'auteur (non mais allo quoi !). Je remercie tout de même Babelio et les éditions L'Harmattan pour l'envoi de ce roman : il finira dans une boite à livres parce que d'autres y trouveront peut-être le charme que je ne lui ai pas reconnu… Espérons-le...
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