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Critique de ChatDuCheshire


Un livre intéressant, plutôt bien documenté mais qui demeure assez lisse, sans doute en raison des états de service de l'auteur au sein de magazines "people".
A vrai dire je ne m'intéressais guère à la vie et aux "hauts faits" de Philippe Mountbatten, ex prince de Grèce et de Danemark, aristocrate errant du fait de la disgrâce et exil des souverains grecs, auxquels il était étroitement apparenté. Ce qui m'intéressait et m'a toujours intriguée chez lui était de comprendre comment cette sorte de "super Mensch" (famille en Allemagne, ses soeurs se sont mariées à des allemands, dont une avec un dignitaire du régime nazi), géant blond faisant chavirer tous les coeurs du temps de sa splendeur et doté d'un tempérament de chef passablement irascible a pu accepter d'unir sa destinée à l'héritère passablement transparente du trône d'Angleterre, se condamnant ainsi à rester, lui sexiste à souhait, dans l'ombre d'une femme et ce à une époque où les femmes (fin des années 40) accédaient à peine au droit de vote en Europe.
Ma déception est que le livre ne se penche qu'assez superficiellement sur cette question et n'yapporte pas de réponse véritable. Néanmoins il rappelle et relate certains faits qui permettent de fonder des hypothèses.
L'auteur semble privilégier deux explications : le fait que Philippe ait trouvé chez les Windsor une famille qui lui a manqué au cours d'une enfance solitaire, éloignée de ses parents et l'histoire d'amour avec Elisabeth. Aucune de ces explications ne me paraît convaincante. Certes Philippe a été privé d'une famille "classique" dans son enfance, passée essentiellement dans divers pensionnats. Mais cette notion de bonheur au sein d'une famille nucléaire n'était pas si en vogue à son époque et probablement encore moins au sein de l'aristocratie. Il n'a d'ailleurs pas été totalement privé de famille, étant constamment soutenu par des parents, voyageant sans cesse pour rendre des visites à ses soeurs et nombreux cousins. L'auteur s'apitoie sur le fait que l'adolescent voyageait seul. Certes mais à une époque (années 30) où seuls les aristocrates et les très riches pouvaient s'offrir ce luxe. Contrairement à l'auteur je trouve que Philippe a plutôt eu une enfance et une adolescence extrêmement intéressantes et correspondant à son tempérament et dont je ne suis pas sûre qu'il se serait plaint lui-même. Quant à l'amour pour Elisabeth, je ne crois pas une seconde que cela aurait pu constituer un facteur déterminant de sa décision. L'auteur souligne lui-même le côté réactionnaire et suprêmement aristo du personnage. Pour lui la valeur ultime est celle du sens du devoir et autres idéaux aristocratiques au sein desquels l'amour bourgeois n'occupe aucune place. Elisabeth elle-même avait été particulièrement échaudée par les conséquences de l'histoire d'amour entre Edward VIII et Wallis Simpon. Donc franchement je ne pense pas qu'un romantisme échevelé ait présidé à leur histoire, d'autant plus qu'Elisabeth n'apparaît vraiment pas, contrairement à sa soeur Margaret, comme étant d'un tempérament particulièrment passionné. Elle s'est certes éprise de Philippe - qui faisait tourner toutes les têtes à l'époque - mais il constituait après tout le consort idéal : très illustre noblesse mais en exil et désargentée. Mais lui, avec son caractère, pourquoi choisir cette vie ? Ses vieilles valeurs aristocratiques constituent peut-être un début de réponse. Il aurait pu épouser une riche héritière et devenir un capitaine d'industrie. Mais en guise de carrière il choisit une carrière bien traditionnelle pour un aristo, en s'engageant dans la marine. Il me semble également possible - et c'est là que je regrette que le livre n'apporte pas de réponse définitive - qu'il ait parié - et perdu - sur l'avenir. Elisabeth s'était engagée à le laisser gouverner la famille en dictateur absolu - le laissant ainsi faire de multiples mauvais choix pour Charles - alors qu'elle gouvernerait le pays. Vu que le père d'Elisabeth était encore jeune lors de leur mariage, il pouvait espérer plusieurs dizaines d'années d'une vie où il aurait tout régenté et en poursuivant sa carrière au sein de la marine tout en assurant ses arrières pour ses vieux jours. le livre ne dit pas si la maladie de George VI, mort quatre ans après le mariage de sa fille, était déjà connue au moment du dit mariage. Si elle ne l'était pas, nous aurions ainsi l'explication du consentement de Philippe à une vie lui ressemblant aussi peu.
Sinon on sort de cette lecture avec le sentiment que oui, décidément et for better or worse : c'était une "autre époque"...
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