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Critique de Gabylarvaire


1/ L'être humain a détruit le monde, le reste de l'humanité vit sous des dômes dirigés par des robots. Chaque foyer est doté d'un robot. le travail étant attribué à ces derniers, l'être humain glande chez lui ou étudie pour un métier qu'il ne pourra jamais faire, et c'est le robot qui travaille toute la journée pour subvenir aux besoins du foyer. En gros, l'être humain est comme un animal de compagnie.

2/ Nous suivons la famille Walter, dont le robot, razorball n'aime pas beaucoup sa condition. En effet, son travail l'ennuie, « sa famille » le gonfle et pour couronné sa déprime, il apprend qu'il sera bientôt aussi désuet qu'un humain, car il sera remplacé par un robot humanoïde. Son programme d'empathie le pousse à se dire que c'est peut-être ce qu'avaient ressenti les humains, avant que lui-même ne les remplace. Mais sa réflexion n'ira pas plus loin : ce n'est qu'un robot. Il acceptera son sort au lieu de se battre auprès des humains pour manifester le droit au travail pour tous. Pendant, ce temps, Donny le patriarche se satisfait de vivre ainsi, tandis que sa femme et ses enfants, ne supportent plus ces injustices. Ils craignent également pour leur sécurité, car ils pensent que les robots sont imprévisibles et dangereux.

3/Et pour cause, les robots sont effectivement très dangereux. Vous connaissez l'adage : « l'erreur est humaine ». A partir de quel palier pouvons-nous accepter cette phrase lorsqu'un être humain tue accidentellement plusieurs personnes ? Et qu'en est-il des robots ? Puisque pour eux nous sommes inutiles ? Lorsque la justice et la police sont principalement des robots? le passage de comparaison entre un robot jugé pour avoir tué 200000 personnes et celui d'une femme jugée pour avoir détruit un robot en légitime défense est extraordinaire… Ce qui rappelle parfois la disproportion entre un état qui massacre des populations entières avec des prétextes légitimes et une femme qui se défend contre un oppresseur violent, ce qui peut s'apparenter à un époux violent… Ou les punitions attribuées à des industries meurtrières en comparaison à une personne qui se défend contre un danger… « Même si nous déplorons tous cette asphyxie de masse, je ne peux m'empêcher de trouver la réaction des humains disproportionnée. » Ne serait-ce que pour ce passage, je vous invite à lire cette BD.

4/ La création des robots humanoïdes, les mandroïdes, qui ressembleront physiquement à des humains (d'ailleurs on ne saura pas beaucoup faire la différence sauf lorsqu'ils parlent) pour apaiser les humains qui commencent sérieusement à craindre les robots. Mais d'apparence ou pas, les robots restent des robots… Et certains humains également qui se complaisent dans cette soumission pernicieuse, dans un état de déni, ressemblent de plus en plus à des robots. « Ils nous ont amenés à confondre dépendance et reconnaissance. » « Peut-être parce que, si on regarde les choses en face, on sait qu'un robot peut choisir de devenir humain. Tout comme un humain peut choisir de devenir un robot. »

5/ Seulement voilà, les robots nous le rappellent plusieurs fois dans la BD, sommes-nous capables de vivre sans eux lorsque l'on fait le constat du monde ? La Terre n'est plus qu'une sphère aride et jaune. Toc toc toc, a-t-on envie de sauver l'humanité ??

6/C'est quoi être "humain" ? Les robots sont-ils finalement si différents des êtres humains ? Comme Dieu qui créait l'Homme à son image, ne le ferions-nous pas pour nos bots? Est-ce vraiment rassurant?

7/Et si les robots étaient une métaphore pour désigner le patriarcat et les humains étaient les Femmes ? « L'idée m'est venue en 2017 au cours du mouvement #Me too, qui a mis le projecteur sur les abus que les hommes au pouvoir font subir aux femmes. Plus précisément, elle m'est venue en observant la riposte discutable des #NotAllMen. Hormis le caractère absurde de ce genre de réaction (qui équivaut à traiter le problème du car-jacking en rappelant que tout le monde ne vole pas de voitures), j'ai été frappé de voir à quel point ce contre-mouvement se concentrait sur ses propres doléances au lieu de s'intéresser au vécu évoqué par les femmes. La plainte sous-jacente de beaucoup de ces hommes portait sur le fait qu'eux aussi se sentaient réduits à des objets, qu'eux aussi étaient globalement traités comme des marchandises par les détenteurs du pouvoir. Mais au lieu d'y voir une occasion de se joindre à la cause des femmes, ils semblaient dire que puisqu'ils acceptaient d'être maltraités, les femmes n'avaient qu'à faire pareil. C'est bien le principe des privilèges : non seulement ils volent de leur humanité ceux qui en sont privés, mais ils persuadent ceux qui en profitent que les premiers n'ont aucun motif de se sentir floués. » C'est quoi de vivre dans un monde où la justice et la police sont principalement des Hommes? de vivre dans un monde où le travail est principalement attribué aux Hommes (sauf coiffeur?) C'est quoi de vivre dans un monde où les femmes ont peur des hommes? C'est quoi de vivre dans un monde où les hommes disent aux femmes comment elles doivent vivre, s'habiller et agir?

8/ « La réponse facile est que j'ai tendance à écrire sur mes pires cauchemars en attendant qu'ils se réalisent. Mais, que l'on parle d'Etats policiers répressifs, d'effondrement environnemental ou de technocratie kafkaïenne, ce qu'on raconte dans une dystopie futuriste décrit souvent le monde tel qu'il est déjà vécu par certains. On ne qualifie cela de dystopie que tant que ça ne nous concerne pas directement. » Donc, plusieurs niveaux de lecture pour cette BD, plusieurs réflexions. Certains l'interprèteront avec leur vécu.
Pour ma part c'est un 5/5.

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