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Critique de Flml


Texte publié par l'auteur en 1951, et grâce auquel on peut observer la progression des moeurs depuis une époque pas si lointaine. Cela passe par certaines formulations, qui appartiennent plus au domaine de l'écriture qu'à celui de l'histoire : l'utilisation du mot "normal" pour désigner un individu qui n'est pas handicapé ; l'idée plusieurs fois reprise que la femme appartiendrait à l'homme.

Au-delà de ces observations, je conseille au lecteur qui tourne la première page d'annuler tous ses rendez-vous de la journée, car il ne pourrait les honorer que s'il lâchait un instant l'ouvrage, ce qui, sauf après l'avoir terminé, demande une force de volonté peu commune.

Le protagoniste - un géant qui ne voit pas, n'entend pas, et ne peut s'exprimer que par le toucher - est à la fois original, et captivant : on ne peut s'empêcher de s'identifier à Jacques et se demander : à sa place, serais-je en proie à un accablement absolu ? Serais-je résigné ? Me lancerais-je du haut d'un pont en espérant que le sol ne soit pas trop proche ?

L'intrigue, construite de telle sorte que l'on disqualifie, à chaque nouvel acte, un suspect supplémentaire coupable du crime, appelle l'apitoiement, l'incompréhension, mais jamais la haine. L'on pressent toujours derrière le dudit crime, un crime d'amour - si tel peut être nommé -, et cela suscite plus facilement le désespoir que le rejet. L'histoire n'aurait pu être possible si Jacques n'avait été sourd, muet et aveugle de naissance, car sa défense n'aurait été que trop évidente.

Enfin, Maître Deliot, que dire de cet avocat solitaire et fataliste qui jouit grâce à cette affaire d'une lueur de gloire dans une fade carrière. L'on se demande presque comment il a pu avoir cette faculté de compréhension de l'inextricable plat de spagghettis qu'est le procès de Jacques Vauthier. Ce serait oublier qu'on ne voit bien qu'avec le coeur, ce dont Maître Deliot ne manque pas.
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