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Critique de ohfom


Cela fait bien longtemps que Dominique Desanti a écrit cette vie de Marina Tsvetaieva, et il n'y a pas eu tant de reprises depuis lors.
Une vie tourmentée dans une époque qui ne l'est pas moins, celle de la Révolution russe, puis du stalinisme, et de ses purges, et la guerre, etc. Quantité d'artistes, d'intellectuels et de poètes ont été laminés par ces événements, alors que paradoxalement le pays foisonnait de talents tous plus brillants les uns que les autres. Pour quelques Pasternak, Anna Akhmatova, protégés peut-être par leur génie ou leur étoile, qui en ont réchappé, combien s'y sont consumés, Ossip Mandelstam, Maïakovski, Marina et des centaines d'autres, exécutés, morts d'épuisement en Sibérie, suicidés, etc, etc ?
Ce tableau effarant n'en finit pas, au travers du livre de D. Desanti, de nous interroger sur cette monstrueuse et sanglante aberration de l'histoire que fut la Russie stalinienne.
Marina était, elle aussi, géniale, sa poésie est une des plus belles en langue russe du 20e siècle, elle-même a vécu souvent excessivement comme seuls les artistes ou les Russes savent le faire. On ne peut parcourir sans émotion son trop bref chemin qui, avec le recul, semble inexorable, vers la relégation et la tragédie. Il est des êtres parmi les plus brillants qui ne savent pas s'en sortir et que la roue du Destin broie de façon implacable, peut-être parce qu'ils ne parviennent pas à faire des concessions. Walter Benjamin, à la même époque, faisait, lui aussi, partie de ces étoiles filantes trop vite disparues.
A noter la parution récente de plusieurs ouvrages qui permettent de mieux connaître les protagonistes d'alors et de mieux sentir tout ce qui se passait en Russie des Soviets : la correspondance étonnante entre Marina, Pasternak et Rilke (chez l'Imaginaire, Gallimard), l'ensemble des lettres de Mandelstam miraculeusement sauvegardées (en Babel), des entretiens avec Akhmatova, bon nombre aussi de lettres de Varlam Chalamov (chez Verdier).
A lire tout cela, on prend la mesure d'une culture russe presque encore contemporaine, laquelle persistait à vouloir vivre et briller, malgré toutes les horreurs qui se passaient autour d'elle.
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