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Critique de Enroute


Les méditations métaphysiques sont une lecture interactive dont le lecteur est le héros : il s'agit d'un petit exercice à faire à la maison dans le but de chercher le cogito en soi. C'est très efficace. Les deux premières méditations sont en ce sens splendides. La troisième est plus complexe, qui définit par trois fois l'existence de Dieu - cela nous parle moins aujourd'hui - enfin ça dépend 'sans doute'. Les Quatrième et Cinquième méditations reviennent vers le réel et la Sixième et dernière achève la remontée du parcours introspectif qui nous avaient mené à des profondeurs abyssales : l'assurance est retrouvée, le doute est levé, le soulagement se diffuse, c'est une véritable impression que l'aurore se lève et illumine un monde neuf, clair et distinct comme la vérité que l'on a vue en soi.

Les sept objections qui sont formulées sont passionnantes à lire pour les différences de lecture des contradicteurs : Hobbes, Gassendi et Bourdin (son objection, la dernière, est assez pénible, mais il faut voir la complexité de la réponse... ça ne s'invente pas), ces trois-là donc, sont manifetement restés sur le bord de la route : ils n'ont pas fait l'exercice comme il fallait, ils n'ont pas réalisé l'introspection proposée. Voilà ce qui arrive à qui lit trop vite ou refuse de regarder en soi : leurs objections sont superficielles et en un sens, non avenues. Mais la logique qu'ils déploient est passionnante à parcourir pour la compréhension qu'elle donne des différences extrêmes entre les modes de pensée. Il m'a semblé lire de la peur chez Bourdin dans le refus de la méthode cartésienne, comme si la préférence de la logique scolastique le rassurait de ne pas avoir à risquer d'errer sans fin dans la forêt obscure du doute et de rester enfermé dans le sombre labyrinthe des tréfonds de l'âme. L'aventure, pour lui, serait peut-être trop audacieuse. Pour être tout à fait honnête, je ne dis pas que l'angoisse ne saisit à aucun moment le lecteur... enfin c'est un moment à passer... - La seconde, celle de Mersenne, est corrosive et incisive dans son expression, la quatrième, celle d'Arnault, pleine de profondeur (si l'on peut dire). La sixième (anonyme) est moins fleurie ; la première pleine d'humilité et de bienveillance, malgré la perspicacité de son auteur.

Les Méditations m'ont fait l'effet d'une expérience tout à fait surprenante, d'un texte absolument unique - et, une fois encore, d'une clarté et d'une lisibilité stupéfiante.
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