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Critique de irisrivaldi


Venise, l'envoûtante

Le carnaval de Venise démarrait quand j'ai découvert le livre de Daniel Devaux « Le Paradoxe de Casanova ». Sur la quatrième de couverture, on apprend que l'auteur, déraisonnablement fasciné par Venise, « vit entre mer et campagne dans le pays De Caux. » Qu'un Normand bon teint voue ainsi une passion un peu folle à la cité des Doges n'a pu qu'aiguiser ma curiosité.
De plus, en littérature, avec Paris – n'y voyez aucune marque de chauvinisme de ma part –, j'ai toujours trouvé que Venise détenait une force d'évocation incomparable. Il ne m'en fallait pas plus pour me plonger avec avidité dans ce « thriller », qui mêle plusieurs registres : polar fantastique, roman historique et récit d'anticipation…
L'histoire :
Le scientifique Jacques Cazeneuve dirige une équipe restreinte de chercheurs, qui tiennent leur patron en si haute estime qu'ils ont fini par le considérer comme un ami très cher. Chacun s'apprécie et connaît les rêves et les petits secrets des autres. Mais, il y a loin entre les discussions à bâtons rompus entre potes où on refait volontiers le monde tel qu'on le rêve et un éventuel passage à l'acte. Et pourtant… Un beau jour, Jacques Cazeneuve qui, de longue date, est justement fasciné tant par Venise que par la notion du Temps et son mystère, décide de tester sur lui une invention encore au stade expérimental. Le téméraire passera ainsi « de l'autre côté du miroir ». C'est alors le début d'une aventure dans la fameuse cité des Eaux, cela au siècle des Lumières. En jonglant avec habileté sur les plans spatio-temporels, le récit nous ramène par intermittence et sans heurts à l'époque actuelle, où la disparition du savant va entraîner bien des remous.
Mon avis :
Il n'y a guère qu'à la mi-février qu'émergent des brumes du Grand Canal d'intrigantes silhouettes baroques vêtues de redingote de brocart d’où s’échappent des dentelles de leur chemise à jabot. C'est le temps du carnaval, de son faste, de son raffinement d'un autre âge et de tout ce que l'imaginaire peut élaborer. Ce fut donc un plaisir sans égal que de faire coïncider période hivernale et lecture. En effet, lire a toujours signifié pour moi voyager sans le poids des valises et autres menus inconvénients des déplacements longue distance, comme les déconvenues liées aux grèves ou tout bonnement une grosse fatigue induite par un bouleversement de ses habitudes… Je sais donc gré à l'auteur de m'avoir épargné la fastidieuse préparation d'un trajet et l’étude de guides touristiques, car, d'une plume alerte et érudite, sans jamais être lassante, il m'a menée dans le dédale des canaux et des calli (vocable vénitien que je traduirais par ruelles) de la Sérénissime, tout en m'entraînant dans une intrigue palpitante.

Ce qu'il y a de bien avec les mystères, c'est qu'ils ouvrent un champ des possibles aussi infini que les questions qu'on se pose à leur sujet. Et le thème du voyage dans le temps, à l'instar de toute la fantasmagorie afférente, est donc une manne inépuisable pour les cerveaux curieux. Avec les avancées de la science, on peut d'ailleurs se demander si, de nos jours, cette possibilité ne relèvera plus de la science-fiction. À ce propos, le récit réussit aussi à souligner quelles en seraient les conséquences sur un plan plus global.
Par ailleurs, avec sa référence à une figure marquante au panthéon des latin lovers, j'ai vraiment trouvé cette histoire habitée par un souffle romanesque très dépaysant. Et j'ai beaucoup apprécié la manière du héros à s'acclimater aux codes et usages en vigueur dans sa nouvelle « dimension ».
Lien : http://scambiculturali.over-..
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