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Critique de CDemassieux


Il y a fort à parier que nombre de lecteurs du roman de K. Dick ont vu, au moins une fois dans leur vie, le film éponyme de Ridley Scott, sorti en 1982, et devenu depuis – selon la formule consacrée d'une époque qui se cherche une spiritualité dans ses seules productions – culte.
Cela importe peu, tant le roman et le film sont dissemblables, à la fois dans la forme et le fond. Là où Scott déploie une oeuvre essentiellement visuelle et poétique, K. Dick, désenchanté, brosse un futur – qui, contrairement au long métrage, se déroule à San Francisco et non à Los Angeles – sombre et de ce fait beaucoup plus réaliste, à la lumière de notre présent.
Le titre original lui-même est beaucoup plus trivial, puisqu'en lieu et place de Blade Runner, qui sonne si bien aux oreilles, on a : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Que raconte maintenant Blade Runner – le titre du film ayant déteint sur les rééditions du roman : notre déchéance. Les animaux sont devenus aussi rares que des diamants ; l'Homme a massivement émigré vers Mars, abandonnant une Terre épuisée par sa présence à quelques habitants, et il a créé des androïdes parfaitement imités, les Nexus 6, l'empathie en moins. Sauf que cette absence d'empathie, on peut aussi l'imputer au genre humain, notamment à travers le Blade Runner Deckard, personnage central. K. Dick brouille les cartes. A partir de quoi peut-on affirmer que l'on existe en tant que tel ?
Le roman, loin de l'excellent film de Scott, ne cède pas à la tentation affective du « héros », n'offrant donc aucun recours à cette autre question : Sommes-nous réels ? Evidemment, Rachel semblera moins attachante et aimable – dans le sens : qui mérite d'être aimée –, Deckard bien plus trivial que le personnage campé par Harrison Ford, mais K. Dick a signé là une oeuvre de science-fiction assez majeure pour être incontournable.

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