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Critique de Antyryia



Dire que les relations avec nos voisins ne sont pas toujours parfaites relèverait de l'euphémisme.
Prenons l'exemple de la nouvelle locataire qui a emménagé au troisième étage de mon immeuble, face à mon appartement, il y a bientôt un an.
Elle est charmante, ses enfants également, mais son chien ... Disons qu'il serait bien plus sympathique s'il n'aboyait pas en permanence.
De solitude lorsqu'il est enfermé seul l'après-midi. D'agressivité dès qu'il me croise. Pour prévenir ses maîtres quand je rentre chez moi comme si j'étais un intrus qui se faufilait en douce sur leur palier pour les cambrioler.
Et quand je suis encore debout à deux heures du matin ou que je dois me lever pour assouvir un besoin nocturne, à proximité de ma porte d'entrée, il en remet une couche et réveille tout l'immeuble au passage.
Alors ma nouvelle voisine s'est retrouvé presque harcelée. Mots anonymes scotchés sur sa porte, avertissements tout aussi anonymes dans sa boîte aux lettres sur toutes les amendes qu'elle encourait pour tapage nocturne. Plainte au syndicat de copropriété. On l'a même accusé de laisser trainer les déjections de son canidé dans la cour sans les ramasser.
Mais qui peut bien être le coupable de cet odieux chantage ? La vieille Paulette affaiblie pas son cancer ? Julien le jeune informaticien ? Ou Anne la coiffeuse du rez-de-chaussée ?
Je vais mener mon enquête et reviendrai vers vous dès la résolution de ce mystère.

Phoebe Miller, trente-deux ans, vit dans une demeure luxueuse avec son mari Wyatt à Lake Forest.
Elle aussi a une relation un peu particulière avec ses nouveaux voisins, mais laissez moi d'abord vous la présenter en quelques mots.
Elle a éprouvé le besoin de s'isoler et de tout recommencer de zéro quand a été rendu publique le harcèlement sexuel que son père faisait subir à la majorité des employées. Etre la fille de Daniel Noble est un poids lourd à porter malgré tout l'argent qu'il lui a légué à son décès. Elle n'est pas une narratrice très attachante. Froide et égocentrique, elle restera sourde aux demandes de son conjoint qui tente tant bien que mal de sauver leur couple.
"Leur mariage est arrivé en bout de course. le moment est venu de se répartir les lots de consolation et de tourner la page."
Arrivent donc ces fameux nouveaux voisins qui vont rompre la monotonie et la petite routine de Mrs Miller. En particulier le fils du couple, Jake, dix-huit ans, séduisant, et qui malgré leur différence d'âge ne la laisse pas indifférente.
"Avoir Jake dans les parages la revigore comme un triple expresso."
La bonne humeur et le grain de folie en moins, elle rappelle ainsi beaucoup Gaby de Desperate Housewives qui lorgnait d'un peu trop près la musculature de son jeune et beau jardinier.
"Se cachant du monde comme une lâche pour éviter toute disgrâce héritée de son père. Eprouvant du désir pour un adolescent. Laissant un mariage tomber en ruine. Prenant du poids. Buvant comme un trou."
Charmant portrait, non ?

Inéluctable, le rapprochement finira par se faire entre Phoebe et le jeune Jake ( tel père, telle fille ? ). Mais Phoebe se rapprochera également de la mère du jeune homme, Vicki Napier, avec laquelle va naître une amitié sincère.
Mais comme je vous l'ai dit en introduction, les relations avec le voisinage sont parfois plus complexes qu'elle n'en n'ont l'air. Comme si ça n'était pas déjà assez ambiguë comme ça.
Est-ce réellement un hasard si les Napier ont choisi cette maison face à celle de Phoebe Miller ? Pourquoi ont-ils d'apparents problèmes d'argent alors que le mari, Ron, neurochirurgien, devrait largement pourvoir à leurs besoins ?
Pourquoi cette apparente tension entre les époux Napier ?
Parmi tant d'autres, voilà quelques unes des questions auxquelles vous serez confrontés dès le début de votre lecture et qui trouveront leur réponse en temps voulu.
Mais tout cela ne serait pas aussi inquiétant si en parallèle une personne au volant d'une voiture de livraison bleue n'épiait pas en permanence Phoebe, sans qu'on sache si celle-ci est mal intentionnée ou pas.
"Bientôt, tu sauras pourquoi je suis là."

Premier thriller psychologique de la rentrée littéraire, L'autre Mrs Miller est un roman qui m'a beaucoup plu, sans pour autant révolutionner le genre.
L'intrigue se met doucement en place, sans temps mort, attisant de plus en plus notre curiosité par besoin d'avoir des réponses. Et par vilaine envie de connaître la suite des évènements. Comment le mari de Phoebe réagira-t-il s'il découvre que sa femme le trompe avec un homme à peine majeur ? Et ses voisins ne risquent - t - ils pas eux aussi de ne pas voir cette relation d'un très bon oeil ? de la considérer comme une mante religieuse pour leur fils adoré ?

Le rebondissement complètement imprévisible en début de seconde partie fait typiquement partie de ceux que j'adore. le lecteur obtient certaines réponses mais le mystère s'épaissit, les questions sont encore plus nombreuses.
Une perte de crédibilité vient un peu entacher la tension omniprésente du roman mais c'est provisoire, et en apothéose le lecteur a droit à une partie de bluff qui vaut le détour. Qui sera le plus malin au jeu du chat et de la souris ?

J'ignore si l'adaptation en série télévisée de ce roman sera réussie ou pas, même s'il y a suffisamment d'éléments de surprises pour que chaque épisode puisse se terminer avec une note de suspense.
En tout cas j'aurais davantage imaginé une pièce de théâtre. Il n'y a que six protagonistes au total qui se donnent la réplique tour à tour dans un décor extrêmement restreint.

Et je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter.
A part ce passage un peu difficile à avaler ( mais l'auteure se rattrape plutôt bien aux branches ) ça a été un roman difficile à lâcher même si j'ai hélas l'impression d'avoir désormais un peu fait le tour des thrillers psychologiques.
Ce qui ne veut pas dire par ailleurs que celui-ci ne contient pas quelques originalités plaisantes.
Et qu'il devrait ravir les amateurs du genre.

Quant à moi, je profiterai de la prochaine réunion de copropriété pour poser des questions à droite à gauche afin de connaître l'identité de ce voisin qui préfère les menaces anonymes et les accusations erronées aux conversations franches.
Evidemment qu'un chien qui aboie souvent dérange, surtout dans une petite résidence.
Mais il y a des façons plus correctes d'accueillir ses nouveaux voisins.
Phoebe apporte des muffins, vous pouvez aussi amener des macarons ou du nougat.
Je vous tiens bien sûr informés de la progression de mon enquête dans une prochaine critique.
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