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Critique de Tatooa


Tout d'abord, un grand merci à Babelio et aux éditions Turquoise pour cette belle découverte.

Je n'avais coché qu'un seul livre à ce masse critique. Sortant tout à fait de ma zone de confort en cochant cet essai "géographique", je dois avouer que c'est la sonorité du mot qui m'a avant tout attirée. Diyarbakir. Un nom exotique, presque "fantasysque", non ? Et pourtant, elle existe.
Je n'en soupçonnais même pas l'existence, à dire vrai.

C'est donc grâce à la musicalité de ce nom que j'ai découvert une ville que je ne connaissais pas, une culture que je ne connais pas non plus, parce que je dois bien avouer que l'histoire musulmane en général, ainsi que l'histoire de la Turquie en particulier, m'est étrangère et ne m'intéressait que peu jusqu'à maintenant. Mais il n'est jamais trop tard pour s'instruire, n'est-ce pas ? Surtout avec ce que l'on sait de la Turquie d'aujourd'hui, hélas tombée aux mains d'un despote qui ne semble pas éclairé du tout. Voire pire.

Et que le voyage vers cette ville multi-millénaire à l'histoire plus que chargée, située dans une région qui ne m'avait intéressée, dans ma jeunesse, que pour son antiquité, s'avère intéressant, et souvent émouvant, dans les mots, la nostalgie, l'humour teinté de cynisme, l'amertume parfois (mais jamais la haine), de Seyhmus Diken. Qui pourrait presque nous rappeler Dickens, et oui, dans ses chroniques tendres et lucides sur sa ville qui change, qui évolue, pas toujours en bien hélas, à l'image de la politique difficile du pays entier.

Les nationalismes exacerbés, les tensions religieuses et les racismes divers minent cette partie du monde, en guerre plus ou moins permanente, un creuset de haines dont l'auteur est un témoin impuissant. Poète, érudit et sensible, Diken chante sa vision de sa ville, et par-delà sa vision de son monde, où chacun pourrait vivre librement et sans violence. de son enfance il nous narre quelques épisodes choisis, des souvenirs d'une ville cosmopolite. Son amitié avec cet arménien ostracisé qui partira, encore jeune, avec toute sa famille, et tous les arméniens de Diyarbakir après lui pour les mêmes raisons.

Autres pays, mêmes moeurs. Si la culture et la religion dans ces régions du monde me sont inconnus, les refrains humains sont pourtant toujours les mêmes. En conclusion, on pourrait dire comme J. Rouxel : "Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi."

Seyhmus Diken fait, bien entendu, partie des personnes de bon sens, humaniste et tolérant. Ce qui fait de son livre (un recueil de chroniques, en fait, qu'on peut lire par 3 ou 4, sans forcer...), une ode à sa ville, à certaines personnes, toute en poésie. J'ai vraiment beaucoup aimé parcourir les rues de Diyarbakir en sa compagnie, et les très nombreuses photos dans ce livre accompagnent de façon très heureuse cette ballade nostalgique.
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