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Critique de Kirzy


Le mari de Joan a disparu suite à une dispute. Cela fait onze mois et sept jours lorsque commence le roman. Elle s'accroche à une certitude, refusant d'accepter qu'il l'a tout simplement quittée. Elle le recherche désespérément.Toutes les actions de Joan et leurs réverbérations reste dans un petit périmètre de l'Ontario canadien, dans les petites villes et forêts de la baie georgienne, entourée de sa communauté et de sa famille. Deux événements concomitants vont faire bouger le flou de cette absence et du chagrin désordonné de Joan. Elle croit reconnaître son mari sous les traits d'un révérend itinérant mais lui nie. Et peu de temps après, sa grand-mère décède mystérieusement, attaquée par des chiens ou un loup.

Pas de monde à sauver, pas de cours de l'histoire à modifier, juste un homme à récupérer. Les enjeux semblent simples mais ne sont que faux-semblants. Avec beaucoup de maitrise, Chérie Dimaline propose en fait un conte noir à la fois très contemporain et complètement atemporel, ancré dans le réel mais avec des irruptions fantastiques subtilement dosées qui font appel au folklore de la communauté autochtone des Métis, notamment au mythe du rogarou, monstre légendaire de type lycanthrope proche du loup-garou.

Joan, superbe personnage de battante, devra affronter le rogarou pour récupérer son homme, aidée par la sagesse ancestrale de sa tante Ajean qui partage avec elle ses connaissances magiques pour briser le mauvais sort, ainsi que son fidèle neveu de douze ans, Zeus.

L'enracinement dans la culture métis est la clef. Si le recours au fantastique permet à l'auteure d'ajuster son architecture narrative et de donner du poids à la quête de Joan, il est surtout le symbole des luttes des peuples autochtones au Canada pour préserver leurs terres, attirant le regard vers d'autres dangers bien réels. Les promoteurs immobiliers utilisent tous les moyens pour mettre en oeuvre leurs projets miniers, forestiers ou pétroliers et exploiter les ressources naturelles. Et un de ces moyens est la religion avec ses missionnaires envoyés auprès des Amérindiens pour les détourner des vraies sujets, les étourdir de prières, surtout si le prédicateur est lui-même amérindien ...

Chérie Dimaline prend le temps d'installer son roman, ses personnages, de présenter la communauté métis qui gravite autour de Joan, elle le fait avec du coeur et une authenticité qui se diffuse dans chaque page. Elle se permet même des chapitres quasi flottants, hors du temps consacrés aux heures qui ont suivi la disparition de Victor dans la forêt. Puis dans les cinquante dernières pages, le rythme s'accélère en mode thriller jusqu'à l'affrontement final magnifiquement chorégraphié, sans jamais perdre de vue l'émotion qui fait vibrer Joan et le lecteur à ses côtés dans ce roman singulièrement envoutant qui palpite à tout rompre.

Lu dans le cadre du Club VIP Belpolar.com

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