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Critique de karineln


« Dieu comme il aimait sa terre, ses tantes et ses oncles, son peuple, comme il aimait Khalil, mais comme il aurait soudain souhaité qu'ils fussent tous morts, anéantis par un cataclysme qui le laisserait libre de tout désir de vengeance. Comme il aurait voulu que le monde d'hier disparaisse et qu'on le livre nu au monde de demain. »
Imago est un roman du réel. le réel de terres à vifs, de peuples sacrifiés, emmurés au sein desquels la rage et le désespoir ont tout loisir de proliférer dans les décombres des villes bombardées. Un roman d'un réel très actuel et très bien rapporté, écrit très justement.
Je mets du temps à rédiger ce billet car j'ai du mal à comprendre mon manque d'élan pour cet ouvrage. Ce récit m'a informée, m'a décrit aussi de nouveau (après Ostwald ou même La fille du van) le monde dans lequel nous vivons, à petite et grande échelle, dans des dimensions économiques, géo-politiques dont les enjeux souvent nous échappent tant ils sont complexes, mais dont on mesure les effets et les conséquences désastreuses sur nos sociétés, où le lien s'abîme, s'abîme…En Palestine ou en France, les scènes d'un métro routinier où courent par milliers des solitudes ou de combats entre chars et pierres, de bureaux, de familles aux secrets étouffés…Tout est parfaitement dessiné et certains passages pulsent au plus vrai des violences subies ou actées. Mon « pourtant » réside peut-être dans la sensation d'avoir lu/vu un documentaire parfaitement réalisé, dont l'objectif premier était de nous parler de ce qui se passe au moyen-orient et comment nous y sommes rattachés, évidemment pas si éloignés. Les destins croisés des quatre personnages m'a parfois mis mal à l'aise, comme un ressort scénaristique mal abouti, un prétexte pour romancer un récit journalistique. le « livre choral » sonne comme un choix pour justifier le roman qui semble n'avoir comme souhait sincère et fort de vouloir passer un message. Ce qui est bien sûr très louable et pas du tout répréhensible. Ainsi nous sommes tous liés sur cette terre mais la lecture nous disperse dans des lignes de vie lesquelles si elles se croisent portent toutes des souffrances distinctes, défendues ou revendiquées par mille autres raisons…Le je de cette belle planète que nous nous partageons, les hasards hasardeux, qui écrivent des destinées et transportent en grossissant chaque écho de l'effet papillon, nous perdent et sèment dans ces entrelacs le fil de cette traversée, de cet arrachement à la mère pour s'exiler en retour d'une terre nourricière guerrière … L'écriture est irréprochable et en devient parfois trop lisse, sans aspérité, au réalisme poussé sans que pour autant je n'ai pu ressentir. Peut-être centrer l'histoire autour de Nadr seulement aurait davantage favorisé la rencontre avec lui, son existence, ses choix : il m'a manqué de pouvoir l'accompagner plus près lors de ce long périple.
« Je n'ai pas d'origine, pas de but. La terre qui devrait me nourrir se désagrège sous mes pieds, est agrippée par d'autres mains, labourée par les chenilles de fer. le ventre où mes membres ont poussé, où mon corps a baigné, nourri de chaleur et de vibrations, m'est devenu étranger. Je ne possède plus rien qui me rattache, plus de branche à laquelle me suspendre, plus de nom qui puisse me désigner. Apatride. Orphelin. »


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