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Critique de ladesiderienne


A l'aube de la quarantaine, Sylvain Cheviré ne peut exiger mieux de la vie. Énarque, il est attaché au cabinet du ministre des Finances, en attente d'en devenir le directeur adjoint. Après 14 ans de mariage, il est toujours amoureux de sa belle et riche Caroline, qui vient de lui donner un cinquième enfant et qui travaille dans la publicité. De ses ancêtres marins, il a hérité la passion pour la mer et pour les Iles Chausey où il y possède encore une petite maison familiale et un bateau. Mais sous l'apparence d'une Diane chasseresse, un grain de sable va venir enrayer les rouages de cet avenir tout tracé.

Geneviève Dormann est une auteure que j'ai pu apprécier par le passé, notamment à travers "Le bal du dodo" et "Fleur de péché", des histoires fort différentes mais dont la qualité d'écriture m'avait captivée. Au cours de cette nouvelle lecture, une de ses dernières productions, je suis passée par toute une palette d'émotions. La belle photo d'un voilier au soleil couchant sur la première de couverture invitait au voyage. Il a bien eu lieu puisqu'une partie de l'intrigue se déroule au large de la Normandie, en mer et sur les Iles Chausey. C'est ici que la plume de Geneviève Dormann se fait poésie pour nous décrire les beautés de cette nature sauvage et l'attachement indéfectible de ceux qui y sont nés pour ce bout de terre battu par les flots.
Quant à ce titre "La petite main" qui paraît plutôt énigmatique, on en comprend très vite la signification dès les premiers chapitres. J'ai été décontenancée par la tournure des évènements et par le langage plutôt cru. A croire que j'avais oublié la dualité de l'auteure aussi à l'aise dans le lyrisme que dans la trivialité, la soupçonnant même de se complaire dans la narration de cet adultère hors-norme. Si je n'ai pas eu une once de pitié pour ce "pauvre" Sylvain pris à son propre piège, j'ai admiré la dignité de Caroline. Pour fuir l'immoralité du présent, j'ai pris plaisir à me réfugier dans le passé à travers l'histoire de ces générations de Cheviré qui vécurent des corps à corps passionnés avec la mer. Et puis voilà que la fin dramatiquement surprenante m'a réconciliée avec l'auteure. J'ai beaucoup aimé la réflexion sur l'aveu d'une faute, dans la bouche de Caroline :
"Elle lui en voulait d'avoir avoué ce qu'elle aurait peut-être, et par bonheur, toujours ignoré. Ce qu'on ne sait pas ne fait pas de mal. Mais pourquoi ce con avait-il parlé, nom de Dieu ! Pourquoi ? Pour se délivrer sur elle de sa mauvaise conscience ? Pour être à moitié pardonné ? Parce que mentir lui pesait ? Par lâcheté, tout simplement..."

Au final, ce roman, auquel j'accorde un 14/20, qui mêle humour et sujet grave, beauté d'écriture et propos crus, reflète bien la personnalité de son auteure réputée pour son goût de la provocation et son sens de la polémique.
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