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Critique de svecs


Grâce à Babelio et à Masse Critique, j'ai enfin sauté le pas de l'audiolivre.
Pourtant, il ne s'agit pas à proprement parler d'un audiolivre, mais plutôt d'un format qui rappelle les feuilletons radiophoniques.
Pour la forme, en 7 grands chapitres, un intervieweur invisible interroge 6 individus d'une trentaine d'années.
Il y sera question de l'amour, du travail, de la politique, de vie et de mort, de la famille, du numérique dans leurs vies... et de demain.
Les fragments d'interviews se succèdent. Au départ des voix anonymes, puis des personnages qui émergent progressivement.
- Sonia, femme solaire et idéaliste
- Mickaël, croque-mort gay qui masque mal sa solitude derrière le cynisme
- Claire, la bourgeoise conformiste
- Samir, l'homme de principe qui prend tout un peu trop au sérieux
- Sybille, qui a trop peur du monde pour l'affronter autrement que dans une posture de retrait à la fois ironique et négative (Daria Morgendorffer à la Sorbonne)
- Gauthier, fils de bonne famille qui se rêve acteur sans perdre de vue son plan de retrait: rentrer dans le moule
Six personnes qui se dévoilent au fil des chapitres, entre confidences, rencontres et accidents de la vie.
En creux, c'est un portrait de cette génération des Millenials qui se dessine. Parce qu'on aime les étiquettes, on parle de millenials comme cette génération qui a grandi en intégrant la révolution numérique en grandissant. Pas comme ma génération qui l'a intégré une fois adulte, ni comme celle d'après, pour qui les réseaux sociaux font partie intégrante de la vie.
C'est sans doute l'aspect qui m'a perturbé dans "Nos trente ans"; Arthur Dreyfuss entretient volontairement une ambiguïté sur le sens de son oeuvre. Pure fiction ? Fictionalisation d'un travail sociologique réel ?
Claire, Mickaël et les autres sont-ils de pures constructions romanesques ou la cristallisation de plusieurs personnes réelles émergeant d'une série d'entretiens ? Cela peut paraître accessoire. Peut-être ne me serais-je jamais posé la question si j'avais eu affaire à une livre "manuscrit". le recours à l'audiolivre brouille. Il n'y a pourtant pas de doute sur le fait que les voix sont celles d'acteurs, dont Anaïs Demoustier, Elodie Frégé ou Baptiste Lecaplain. Je dois d'ailleurs souligner que l'ensemble est très agréable à écouter.
Mais il reste un doute sur la portée réelle de "nos trente ans". Fiction documentaire ? Pure fiction qui préférera toujours l'efficacité narrative à la "rigueur scientifique" ? Les expériences de ses 6 trentenaires ne sont-elle que le projection du'Arthur Deryfus se fait d'une génération plus complexe et plus diverses que ces 6 "sujets" ne le laisse supposer ? En furetant, j'ai trouvé plusieurs commentaires de lecteurs qui semblent considérer ce livre comme un travail sociologique.
Pour être honnête, l'échantillon reste quand même très stéréotypé. Sur 6 personnages, on en a quand même 4 qui rentrent dans le cadre des classes moyennes (voire bourgeoise) citadines:
une avocate fiscaliste
un fils de bourgeois qui se rêve acteur
une professeur à la Sorbonne
une bobo qui "profite" de la situation professionnelle de son mari pour pouvoir rêver à sa guise
Tous vivent en grande ville.
Tous sont relativement à l'aise. Il y est fait mention plusieurs fois des gilets jaunes, mais on sent bien qu'aucun personnages n'est concerné de près ou de loin par les problématiques des GJ (mis à part peut être Samir)
Il y a un côté très "français de représentation", comme au cinéma.
Cela dit, les personnages sont attachants et la construction en interviews croisées fonctionnent bien. On s'attache aux personnages. Il gagnent en épaisseur au fil des chapitres, jusqu'à ce qu'on l'impression de les connaître. En fait, je crois qu'il faut choisir son camp. Pour moi, Nos 30 ans est une pure fiction, qui n'a aucune valeur sociologique. je l'ai lu, enfin écouté, comme je regarderais une série sur Netflix. Et j'ai plutôt aimé, même si la dernière partie est plus poussive. Arthur Deryfuss me semble avoir du mal à apporter une conclusion à cette histoire. le format ne permet pas de conclure cette histoire de manière vraiment satisfaisante, et lorsque les 6 sujets se retrouvent, leurs échanges deviennent plats et artificiels. Et c'est sur une impression de trop peu que l'on quitte ces personnages. Comme s'ils perdaient soudain de leur substance.
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