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Critique de hannah851


Avec ce roman, Daphné du Maurier nous entraîne une nouvelle fois dans son passé familial. Elle narre ici la vie de son ancêtre Mary Anne Mackenzie qui par son intelligence, sa force de caractère et sa beauté va se hisser dans les plus hautes sphères de la société londonienne.

Après une enfance dans les bas quartiers de la capitale, elle espère échapper au même sort que sa mère en épousant un riche héritier qui se révèle bien vite être tout le contraire. Loin de baisser les bras, elle tente de faire fonctionner son mariage mais l'alcoolisme de son mari ne fait qu'empirer les choses. le laissant aux bons soins de sa belle famille, elle part avec ses enfants pour s'installer dans une luxueuse demeure du quartier chic de Tavistock Place. Là, elle y tient salon et devient une courtisane renommée chez qui se pressent de nombreuses personnalités de l'aristocratie et de l'armée. C'est sans surprise donc qu'elle devient la maîtresse officielle du duc d'York, fils du roi et chef des armées. Ce dernier délaisse son épouse en province pour vivre avec ses maîtresses et son travail à Londres. Mary Anne n'est pas la première ni la dernière. Cependant, sa nouvelle position qu'elle croit naïvement durable va lui apporter tout ce qu'elle a toujours désirée pour sa famille et pour elle. En effet, elle a la charge de sa mère, de ses enfants et de son frère qui se reposent entièrement sur elle. L'avenir de son frère dans l'armée, un père par substitution pour ses enfants, un amant peu présent, Mary Anne s'habitue rapidement à ce mode de vie.

Si l'emploi du temps du chef des armées lui permet de s'occuper à loisir durant ses journées, Mary Anne passe cependant son temps à temporiser les incessantes relances des commerçants lui ayant fait crédit, à s'occuper des préparatifs du dîner, à gérer les domestiques et à recevoir les membres de l'armée désireux d'acheter une promotion rapide. le train de vie que lui impose le duc étant incompatible avec sa bourse, elle n'a d'autres choix pour conserver son rang de répondre à ces demandes. Habile et maline, elle arrive à se faire entendre de son royal amant probablement conscient que ces nombreuses listes d'officiers à promouvoir lui permettent de calmer pour un temps ses demandes de crédits supplémentaires. Malgré des rancoeurs et des frustrations refoulées, elle s'accommode de ce statut de maîtresse fait d'une partie d'ombre et de beaucoup de tracas. A la différence des précédentes maîtresses, sa position et l'emprise qu'elle peut avoir sur le duc ne sont pas du goût de ses collaborateurs les plus proches d'autant plus qu'ils voient leurs fructueux à-côtés s'envoler puisque les officiers vont désormais voir Mary Anne. Les lettres de menace de son époux vont par un heureux hasard leur permettre d'éliminer cette maîtresse devenue gênante.

Mary Anne ne se laisse pas faire mais elle est vite remplacée par une comédienne et tenue à l'écart du duc. Toujours combattive et désireuse de faire entendre les outrages qu'elle a subis, Mary Anne engage une série de combats presque tous perdus d'avance pour faire reconnaître l'innocence de son frère dans une affaire d'escroquerie et pour le voir rétablir dans l'armée. Elle accepte d'être le témoin principal dans une affaire qui vise à destituer son ex-royal amant. Au coeur de ce procès qui vise à révéler la corruption du duc et de son entourage concernant les promotions dans le corps des armées, elle tient tête au scandale et accuse sans broncher les coups notamment l'accusation de faux et d'usage de faux. Elle en sort épuisée mais elle obtient enfin la pension que le duc d'York avait promis de lui verser en échange des lettres et du manuscrit de ses mémoires qu'elle était prête à éditer. Entêtée, elle refuse de se laisser abuser et continue à se battre pour que ses droits et ceux de ses enfants soient reconnues jusqu'à finir en prison avant de s'exiler en France.

Portrait d'une féministe avant l'heure, à l'époque où la femme n'avait sa place que dans le foyer, Mary Anne montre cependant un côté pathétique dans son obstination à obtenir une reconnaissance du duc d'York malgré le scandale dont elle l'éclabousse. Lorsqu'elle vient rendre un dernier hommage à la dépouille du duc au palais royal de Saint James, on est amené à se poser la question est-elle le seul homme qu'elle n'est jamais aimé ou est-ce la seule époque heureuse de sa vie ?

Si Mary Anne est l'exemple de la femme qui s'écarte du droit chemin, elle est aussi celui d'une femme dont les hommes usent et abusent pour arriver à leurs fins dans leurs affaires politiques et de coeur sans jamais lui offrir une quelconque reconnaissance. Malheureusement pour eux, elle n'aura de cesse de réclamer son dû quitte à défrayer la chronique...
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