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Critique de Defortin


Un modèle de mise en perspective suivant les principes de la longue durée braudélienne. On ne se rend pas toujours compte qu'il y a eu un avant et un après-Duby et que celui-ci a définitivement bouleversé la vision de l'histoire. Cette vision continue à recevoir validation scientifique sur validation scientifique, vingt-cinq ans après la mort de l'auteur, et malgré les modes changeantes et les jalousies tenaces, que chacun sait particulièrement âcres parmi les chartistes obscurs envers les chartistes qui ont percé comme René Girard ou envers les trublions des Annales qui brûlaient les planches et - estiment-ils - leur volaient la vedette, comme Georges Duby ou Emmanuel Le Roy Ladurie...

Comme l'écrivait en 1977 Jacques le Goff, qu'on appelle encore, en 2020, "le plus grand historien du MA": "Guerriers et paysans est l'histoire d'un démarrage, celui de l'économie européenne entre les invasions barbares et l'essor des villes."

Mais cette histoire, qu'on peut trouver cynique parce qu'elle est réaliste, ne cède rien au manichéisme simplificateur, et l'originalité est là. Il n'y a ni gentils ni méchants. L'histoire, c'est que l'Europe se stabilisant, la caste guerrière ne peut plus compter sur ses expéditions militaires pour s'enrichir. Elle se rabat sur le fief rural et se met à exploiter ses paysans. Mais le paradoxe, c'est que cette exploitation amène -nécessité oblige - la renaissance du XIIe siècle à travers le progrès technique, la naissance du village, puis celle des communes, l'ascension capétienne, etc.

Guerriers et paysans est une pierre d'angle de la compréhension de la condition paysanne telle qu'elle s'est à peu près maintenue jusqu'au XXe siècle, comme Le Roy Ladurie l'a montré (avec un brio médiatisé qui lui a valu de la part des médiocres une rancune que même la tombe n'arrêtera pas - on l'a vu avec Duby: le génie se paie cher dans le pays de l'égalitarisme).
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