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Critique de Lucilou


Pauvre "Vicomte de Bragelonne"... Mal-aimé Vicomte...
Mais, avez-vous pensé, ô détracteurs, combien il doit être difficile voire douloureux pour un roman d'être le dernier-né d'une trilogie pareille? de suivre "Vingt Ans Après" et "Les Trois Mousquetaires"? De susciter tant d'espoirs, d'attentes, de frustrations? Pauvre "Vicomte"... Je t'aime bien moi, mais je dois aussi reconnaître que tu n'es pas aussi enlevé, trépidant, réjouissant et exquis que tes illustres grands frères... Mais si tu n'as pas leur grâce, tu as quelque chose en plus, de ce quelque chose qui rend beau, qui émeut, qui transcende. Tu as l'émotion et la mélancolie à fleur de page: celles d'un auteur vieillissant qui sait que le meilleur est derrière lui et qui a perdu de ses idéaux de jeunesse; celles de tes personnages devenus vieux et qui savent qu'ils ne sauveront plus leur monde.
Et puis quelle ambition! Deux cent soixante huit chapitres pour dénouer des intrigues volant de 1660 à 1666... Alors oui certains sont plus longs que d'autres et Alexandre Dumas aurait pu tailler dans le vif, mais est-ce si simple de mutiler ses enfants? Franchement?
Oui, l'atmosphère qui est la tienne est lourde, triste... Et tu es le roman de la désillusion, d'une société en pleine mutation où l'honneur et la fidélité ne sont plus les valeurs fondamentales et où les mousquetaires ne se retrouvent plus... Mais il y a de la beauté dans le désespoir, pas vrai?
Et puis tu réunis quand même des ingrédients propres à réjouir les papilles des plus difficiles: l'amour malheureux d'un jeune homme angélique pour une maîtresse royale et sa mort presque suicidaire, le désir de vengeance d'un père désespéré, un roi anglais en quête de sa légitimité, l'étoile filante Fouquet, Vatel, les manipulations de Colbert, la fête à Vaux-le-Vicomte, la cruauté et la somptuosité de la jeune cour, Belle-île, le siège de Maastricht, le mystère de l'Homme au Masque de Fer, Versailles naissant...
Et puis Eux.
Les Trois Mousquetaires, plus Un.
Vieillis, désenchantés, mais grands. Tellement grands.
Eux: D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis.
Et Vicomte, c'est sans doute ce que je n'arrive pas à pardonner vraiment: cette fin qui s'étire sur de trop nombreuses pages comme une blessure qui s'étend irrémédiablement et que nul ne peut soigner , cette fin qui m'a faite pleurer, qui m'a faite te haïr parfois et qui me brise le coeur, me poignarde et me tue. Je les aime tant vois-tu... Tu as tué mes immortels, mes héros, mes mousquetaires. Heureusement, tu l'as fait avec panache alors un jour, peut-être te pardonnerai-je.
Et, je te pardonnerais aussi je crois parce que "Un pour tous et tous pour un", pour toujours et à jamais.
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