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Critique de Laureneb


J'ai découvert cette oeuvre et cette autrice grâce à LSD, La Série Documentaire, un podcast de France Culture, consacrée cette semaine à la naissance du racisme. Dans l'épisode sur le XVIII ème siècle, ce roman était cité plusieurs fois, et j'ai voulu le découvrir.
Pour moi, c'est un roman sur la société figée d'Ancien Régime plus que le roman d'une esclave. En effet, Ourika n'est techniquement pas esclave, elle a quitté l'Afrique à quelque mois pour être confiée à une noble dame, riche, aimante, qui l'élève comme sa fille. Ourika acquière toutes les qualités d'une fille de la noblesse - les langues, les arts, la politesse et l'art de la conversation. Elle est belle, brillante, intelligente. Mais, dans cette société fermée qui ne permet pas l'ascension couleur, elle "découvre" brusquement que sa couleur en fait une personne à part, qu'elle ne pourra pas trouver un égal pour fonder une famille, comme aurait pu faire la fille biologique de sa protectrice. Il y a donc, dans un style très pré-romantique, des torrents de larmes, et des réflexions sur la solitude : Ourika est à part, elle ne pourra jamais trouver quelqu'un qui lui ressemble.
Puis vient le bouleversement révolutionnaire : les sympathies de l'autrice sont clairement visibles. Alors que tous les nobles qui gravitent autour de mme de B., la protectrice d'Ourika, sont généreux, désintéressés, aimables..., les révolutionnaires sont tous des sanguinaires, régicides, imposant le culte de l'Être surprême et le serment des prêtres... Comme pour rétablir l'ordre des choses, Ourika elle-même ne voit dans la révolution des esclaves à St-Domingue que la violence et les massacres, refusant de se sentir proche d'eux.
"Il faut que tout change pour que rien ne change" est une formule du Guépard, pour suggérer qu'après des troubles révolutionnaires, les élites retrouvent le pouvoir, et les malheureux et exploités le restent. Tout se conclue donc de manière à restaurer l'ordre moral et l'ordre social, à retrouver l'ordre établi : les nobles et les prêtres récupèrent leur influence, Ourika ne sera pas adoptée, elle ne pourra pas faire de mariage mixte.
Vu sous le prisme du racisme et de la difficile intégration, le sujet aurait pu être passionnant. Mais le coeur du roman, c'est la souffrance intime d'une femme seule mal adaptée à sa société, avec des rebondissements prévisibles.
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